samedi 25 avril 2015

Détruire la misère ! Robillard, le fils prodigue de l’art brut

 

Jusqu’au 19 avril 2015, la Collection de l’Art Brut de Lausanne présente la première exposition monographique consacrée à André Robillard. Figure majeure de l’Art Brut, Robillard compte parmi les derniers créateurs dont les œuvres ont été collectionnées par Jean Dubuffet qu’il a rencontré et avec lequel il a entretenu une importante correspondance.

L’HOMME À LA MACHINE

André Robillard sur une harley davidson photo de Catherine Ursin
La Collection compte 177 pièces de Robillard qui témoignent de la variété des sujets traités et des supports sémiotiques utilisés. Travaux graphiques, assemblages, sculptures en bois, musiques, performances etc. sont là pour témoigner d’une volonté artistique intarissable, toujours en quête d’univers nouveaux (armes, vaisseaux spatial, animaux, sportifs, etc.) pour alimenter la machine à créer !
Crosse de fusil
André Robillard est né en 1932. En raison de troubles du comportement, à l’âge de 19 ans il est placé dans l’hôpital psychiatrique de Fleury-les-Aubrais. A trente trois ans, il fabrique ses deux premiers fusils que son psychiatre le Dr Renard montrera à Jean Dubuffet. La même année, il est recruté comme auxiliaire pour s’occuper de la station d’épuration de l’hôpital, ce qui lui permettra de demeurer dans son logement jusqu’à aujourd’hui. André Robillard fabrique surtout des fusils, des engins spatiaux et après une visite à Lausanne où il fut vivement impressionné par l’œuvre d’Auguste Forestier, des animaux fantastiques et des personnages. Au fil des années, il est devenu dessinateur, sculpteur, musicien. Il joue de l’harmonica, de l’accordéon et des percussions sur des instruments qu’il se plait à inventer.
Attentif à la nature, au ciel, et aux planètes, André Robillard garde le souvenir émerveillé d’une comète vue avec son père un soir d’enfance. Depuis lors, il ne cesse de guetter les spoutniks, ces « machins soviétiques », et autres satellites, et tente de les reproduire à sa manière. Toute son œuvre est traversée par cette vie cosmique, chargée des étoiles et des animaux qu’il branche à ses étranges machines.
A partir de matériaux de récupération récoltés à la décharge de son hôpital, Robillard fait feu de tout bois : canettes en alu, boites de conserve, tuyaux de fer, plastiques, scotch, bois, et sangles de tissu, pour confectionner ses fusils ! Ces 2 premières œuvres princeps de 1964 sont envoyées à la Collection de l’Art Brut de Lausanne. Elles vont inaugurer une forme de « commerce » non lucratif avec le musée, très éloignée de l’esprit marchand attaché à ce terme. Comme le note Sarah Lombardi actuelle Directrice de la Collection, l’admiration de Robillard « et sa loyauté envers Jean Dubuffet sont dès lors éternelles ; comme en attestent les nombreuses lettres et les portraits photographiques » qui jalonnent l’exposition. Ce sera ensuite à Michel Thévoz de poursuivre ces « transactions », plutôt insolites en pays helvète, qui évoquent de préférence des formes de dons-contre-don pratiquées naguère en Amazonie !

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