vendredi 24 avril 2015

Des Chinois tentent de modifier le génome d’embryons humains

LE MONDE |  | Par 


Image de synthèse présentant le complexe CRISPR-Cas9, outil d'ingénierie génétique utilisé par une équipe chinoise pour tenter de corriger une maladie du sang chez des embryons humains.


Modifier le génome d’un embryon humain pour prévenir le développement d’une maladie chez cet individu, mais l’éradiquer aussi dans toute sa descendance. Cette expérience, qui touche au patrimoine héréditaire de l’espèce humaine, et contrevient à la convention d’Oviedo, ratifiée par la France et 28 autres pays européens en 2011, vient d’être tentée par une équipe chinoise. Décrite dans la revue Protein & Cell du 18 avril, elle concrétise les craintes exprimées ces dernières semaines par une partie de la communauté de la recherche en génie génétique.

Après la publication par le journal du Massachusetts Institute of Technology (MIT) d’une enquête très fouillée montrant des débuts de manipulation génétique des cellules sexuelles (y compris aux Etats-Unis), des chercheurs américains avaient publié dans les revues Nature et Science les 12 et 19 mars des mises en garde envers les tentatives de modifier ces cellules germinales : elles auraient pour effet de modifier l’hérédité humaine, et non plus, comme les thérapies géniques classiques, une partie seulement des cellules défaillantes d’un individu. Les craintes portaient notamment sur l’utilisation d’une nouvelle technique d’ingénierie du gène, CRISPR-Cas9, extrêmement efficace et simple à mettre en œuvre.

L’expérience chinoise, qui fait appel à cet outil, s’inscrit dans le spectre des manipulations visées par ces demandes de moratoire, dans la mesure où elle avait pour objectif d’effectuer des mutations chez l’embryon, qui se seraient de fait retrouvées dans ses cellules sexuelles – et potentiellement dans sa descendance.


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