vendredi 20 mars 2015

Si « Le Généraliste » était paru en mars 1910 Le médecin doit-il sacrifier sa barbe ?

19.03.2015


« On l’agite à nouveau cette question qui fut déjà discutée il y a 800 ans et plus ! Le médecin, et plus spécialement le chirurgien, doit-il sacrifier sa barbe, ce bouillon de culture de tant de microbes ? Il est probable que chacun continuera à agir au gré de son caprice et qu’on ne va pas de sitôt exiger le sacrifice de notre toison faciale sur l’autel de l’hygiène !
Jadis, on n’avait pas la liberté du choix ! L’ “Alma Mater” décidait, il fallait s’exécuter ! le 25 mars 1599, sur la demande de Barthelemi Perdulcis, l’un de ses membres, la Faculté de Médecine de Paris décrétait que les bacheliers admis à ce jour auraient à couper leur barbe. On nous a conservé le nom des victimes : Antoine de Guinaut, Antoine Roussel, Pierre Verny, Pierre Baron, Pierre Delaboissiière, Jean Fournier, Roman Dufeu.
Un peu plus tard, devant la même Faculté, une thèse était soutenue dont le titre dit le sujet : “ An Medico Barba ?” Ne l’ayant pas eue sous les yeux, nous ignorons quelles ont pu être les conclusions du candidat.

Les accoucheurs du Grand Siècle, et en particulier Mauriceau, opinaient que les accoucheurs, au moins, devaient porter leur barbe entière afin d’atténuer les dangereux effets de leur séduction sur leurs aimables, mais trop enflammées, clientes !
Ceux qui entreprennent la nouvelle croisade envisagent le problème sous un autre aspect : c’est au point de vue microbien qu’ils se placent, et c’est comme refuge et agent de dissémination des microbes qu’ils condamnent la barbe. Cette opinion peut se défendre, encore que la bactériologie de la barbe ne nous paraisse pas encore avoir été l’objet d’études approfondies.
Sans être aussi radical, mais tout en se gardant de toucher à l’arche sainte de l’hygiène, ne pensez-vous pas que des soins de propreté ordinaire (ou, à la rigueur, un lavage antiseptique) seraient suffisants ?
Pour peu que nous laissions faire ces terribles sécateurs, ils en viendraient à demander que les médecins se rasent aussi la tête et les sourcils ! Et alors, ce sont nos compagnes qui en feraient une … de tête ! »
(La Chronique Médicale, mars 1910)

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