vendredi 6 mars 2015

Repère patient : Troubles musculo-squelettiques : le psychisme intervient aussi

06.03.2015

Tête de liste des maladies professionnelles, les troubles musculo-squelettiques (TMS) sont d’origine multifactorielle et nécessitent une prise en charge conjointe entre le médecin du travail chargé de l’adaptation des postes et le médecin traitant qui diagnostique les troubles. 

J’EXPLIQUE

• Les TMS regroupent un ensemble d’affections péri-articulaires qui touchent les tissus mous (muscles, tendons, nerfs, vaisseaux, cartilages). Ils se traduisent principalement par des douleurs et une gêne fonctionnelle souvent quotidiennes. L’intensité de la douleur et de la gêne peut varier d’une personne à l’autre, mais aussi au cours du temps pour une même personne.

• Les plus fréquents sont le syndrome du canal carpien (SCC) au poignet, les tendinopathies de la coiffe des rotateurs à l’épaule et l’épicondylite latérale au coude, l’hygroma au genou, les lombalgies et les cervicalgies.

• La fréquence des TMS est importante (34 % des travailleurs déclarent souffrir du dos). Elle augmente avec l'âge. Selon une enquête de la MSA, si les femmes sont moins fréquemment touchées par les accidents du travail avec 25 accidents pour 1 000 assurés contre 45 chez les hommes, elles sont plus exposées aux maladies professionnelles (48 % du total) dont les trois quarts des cas sont en rapport avec des TMS.

En 2009, pour le régime général de l'Assurance Maladie, les TMS représentent plus de 80 % de l'ensemble des maladies professionnelles ayant entraîné un arrêt de travail ou une réparation financière en raison de séquelles.
• Le tableau 57 (« Affections péri-articulaires provoquées par certains gestes et postures ») représentait à lui seul 73% des MP reconnues.

J’INFORME

• Les TMS résultent d'un déséquilibre entre les capacités physiques du corps et les sollicitations et contraintes auxquelles il est exposé. Ces troubles peuvent apparaître rapidement ; ils s'installent le plus souvent de façon progressive après une longue période de sollicitations intensives des parties du corps atteintes.

• Les facteurs biomécaniques : les mouvements répétitifs, les postures prolongées, les vibrations, l’exposition prolongée au froid sont des facteurs souvent retrouvés. De même les mouvements en force, les postures extrêmes telles que travailler bras au-dessus des épaules, les mouvements de torsion du poignet, du tronc, flexion et extension du coude, etc.

• Les contraintes psychosociales représentent un élément essentiel dans le passage à la chronicité des TMS. La façon dont le travail est perçu par les salariés tels la tension engendrée par les délais à respecter, le manque de reconnaissance professionnelle, les relations sociales dégradées, l'absence de soutien du supérieur hiérarchique et des collègues ou l’insécurité de l’emploi sont des éléments majeurs de cristallisation d’un TMS, que l’on retrouve particulièrement dans les dorso-lombalgies.

• Les facteurs individuels : l’âge, le sexe, une pathologie chronique préexistante (diabète, hypothyroïdie...) sont également des éléments qui influent sur l’expression d’une TMS.

En fait, on retrouve très souvent une intrication de ces 3 facteurs : une personne a été parfaitement capable de conduire une activité pendant de nombreuses années sans problème notable, puis, à la faveur d’un changement de poste, de rythme de travail, d’une modification de l’encadrement, d’un événement personnel, les douleurs s’installent. Elles sont entretenues par la répétition de la situation ou des efforts, le trouble s’organise et conduit à un handicap, des arrêts de travail répétés, des consultations multiples… La complication ultime est bien entendu l’incapacité et la perte du travail.

JE MONTRE

Fig 1

JE PRESCRIS

• Les AINS ne doivent pas être prolongés plus de quelques jours en raison de leur rapport bénéfice/risque. Les antalgiques sont préférables, de même que les AINS locaux et les infiltrations de corticoïdes.

• L'élément fondamental est la mise au repos de la structure atteinte. La durée est variable selon le siège mais pour le coude par exemple, une épicondylalgie sévère et rebelle peut nécessiter entre 6 et 8 semaines d'immobilisation (orthèse sur mesure ou du commerce).

La kinésithérapie a également sa place avec de la physiothérapie antalgique, des massages et des étirements (pouvant remplacer ou être complémentaire de l'immobilisation selon le cas).

J’ALERTE

• Après la période d'arrêt, la prévention et l'analyse des conditions de travail sur le poste en question par le médecin du travail sont fondamentales pour éviter les récidives et le maintenir le patient dans son emploi.

JE RENVOIE SUR LE WEB


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