vendredi 6 mars 2015

Marisol Touraine promet de ne pas toucher aux effectifs hospitaliers d'ici 2017


Le détail chiffré mais officieux, qui circule depuis quelques jours dans la presse, des 3 Md€ d'économies qu'attend le Gouvernement des hôpitaux d'ici 2017 fait réagir, notamment l'idée de supprimer en trois ans 22 000 postes hospitaliers. Pour clore la polémique, Marisol Touraine a promis ce 4 mars "une stabilité globale des effectifs".

Ce 4 mars lors des questions au Gouvernement, sollicitée par le député Céleste Lett (UMP, Moselle) sur l'épineux dossier des emprunts structurés hospitaliers, la ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes est également revenue sur le plan d'économies 2015-2017 de 10 milliards d'euros (Md€) sur les dépenses d'Assurance maladie, assurant qu'en aucun cas cela n'engendrerait de suppressions de postes à l'hôpital. "Il n'est pas question (...) de baisser les effectifs hospitaliers. C'est dans le cadre d'une stabilité globale des effectifs hospitaliers que nous travaillons dans le cadre de l'objectif national des dépenses d'assurance maladie (Ondam) pour l'année 2015 et les année suivantes." Pour Marisol Touraine, il s'agit ainsi de clore la polémique née de la publication dans le magazineChallenges, le 27 février dernier (lire l'encadré), d'un chiffrage détaillé officieux des 3 Md€ demandés aux seuls hôpitaux d'ici 2017, notamment 860 millions d'euros (M€) sur la masse salariale. Soit l'équivalent de 22 000 postes ou 2% des effectifs de la fonction publique hospitalière. Cette absence d'objectifs chiffrés de réduction des effectifs hospitaliers est également martelée par le ministère dans un communiqué. Et ce dernier de rappeler que la maîtrise des dépenses "devra être assurée par une politique plus dynamique sur les achats, par la mutualisation de fonctions supports et, plus largement, par l'adaptation des structures aux prises en charge ambulatoires".

FHF et FHP s'écharpent de plus belle

Intervenant sur France 2 le 2 mars, le délégué général de la FHF, Gérard Vincent, a estimé que l'hôpital public pouvait certes parvenir à faire encore des économies tout en déplorant que le secteur privé lucratif soit en revanche "exonéré de tout effort" en la matière. "Dans la conjoncture actuelle, on trouve que c'est injuste", a déclaré l'intéressé, alors que les fédérations hospitalières attendent avec impatience mais aussi méfiance la parution, pour l'heure retardée, des tarifs pour l'exercice budgétaire 2015 (lire ci-contre). Ces propos ont tôt fait de faire réagir la FHP qui, le lendemain par communiqué, a indiqué "qu'à l'heure des déficits publics abyssaux, un service public qui ne rend pas le meilleur service au meilleur coût ne rend pas service au public". Et de soutenir que les cliniques n'ont pas contracté de prêts toxiques mais été précurseurs sur les mesures d'efficience en matière de gestion et d'organisation, sur le virage ambulatoire, sur le mouvement de restructuration et sur la productivité globale. Pour sa part, l'intersyndicale Avenir hospitalier ne cache pas son inquiétude par communiqué quant à la possibilité de mener à bien les 22 000 suppressions de postes évoquées dans Challenges. Et de craindre notamment que de telles "coupes sombres" ne viennent échauffer les esprits et attiser un peu plus encore les tensions sociales, avec le risque que cela remette en cause l'existence du projet de loi de Santé et avec "les ferments de la fin de la loi HPST", tant attendue par l'intersyndicale de praticiens hospitaliers.

Le détail officieux mais chiffré des 3 Md€ d'économies attendues sur l'hôpital

Outre l'aspect masse salariale, l'hebdomadaire Challenges évoque également : 1,2 Md€ sur les achats ; 350 M€ sur la liste en sus ; 450 M€ par diverses mutualisations avec les établissements environnants ; 400 M€ via la chirurgie ambulatoire ; 600 M€ par la réduction des durées d'hospitalisation ; 500 M€ par l'efficience des structures médico-sociales ; 1,6 Md€ par des baisses de prix de médicaments et 250 M€ par d'autres diminutions sur les dispositifs médicaux ; 1,3 Md€ par la montée en puissance des génériques et biosimilaires ; 1,2 Md€ par l'amélioration de la qualité de la prescription médicamenteuse ; 450 M€ en ajustement des tarifs ; 1,45 Md€ par la promotion des bonnes pratiques...
Thomas Quéguiner 

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