jeudi 26 février 2015

Si « Le Généraliste » était paru en février 1918 Psychologie de la peur

« C’est une bien intéressante contribution à la psychologie de la peur que nous apporte M. le Dr A. Guéniot. L’éminent accoucheur a pu observer, en janvier 1917, une famille comprenant neuf enfants, plus un dixième en espérance qui vint au monde deux mois plus tard. Cette famille résidait en pays envahi, fréquemment visité par des avions.

Au cours d’une seule nuit, ceux-ci lançaient dans l’espace de deux heures près de cent bombes, non loin de l’habitation qui abritait toute la nichée. Quel en fut le résultat sur les enfants ?


Sur les dix, les trois plus âgés seulement, une fille de onze ans et demi, un garçon de neuf ans et demi et une fille de huit ans se montrèrent, pendant les explosions, tout éperdus, tremblant et claquant des dents sous l’étreinte d’une véritable terreur.

Les cinq suivants, au contraire, – quatre filles et un garçon – qui étaient compris entre les âges de sept ans et deux ans et demi dormaient à poings fermés, sans souci du vacarme de l’extérieur. L’un d’eux, le petit garçon d’un an, accueillait les détonations par une exclamation de joie : “ Boum, maman ! ” ,s’écriait-il à chaque éclatement de bombe.

Ainsi, jusqu’à l’âge de 8 ans, il semble y avoir inconscience du danger couru ; à partir de cet âge, on note une impression toute contraire : la peur triomphe du sommeil.

En revanche, on observe dans le bas âge les phénomènes bien connus de la diarrhée, de l’exonération vésicale et, dans le cas particulier, un ictère intense, d’origine assurément émotive alors même que l’émotion est purement subconsciente. D’où l’on peut conclure avec le Dr Guéniot : “ À tous les âges, le sentiment qu’a l’enfant de sa faiblesse le rend foncièrement accessible à la peur ” ».

(Chronique Médicale, février 1918)

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