jeudi 15 janvier 2015

Si le Généraliste était paru en janvier 1907 Des asiles pour impotents temporaires

Pour mettre fin à l’encombrement des hôpitaux par les malades habitués, M. le Dr Babinski a proposé la construction d’établissements nouveaux, intermédiaires entre l’hôpital et l’asile de nuit, où tous les demi-malades seraient admis quand ils le voudraient sur la présentation d’une carte spéciale délivrée après un examen médical sérieux. Ils y seraient soignés, en temps de crise, par des médecins des hôpitaux. Mais on ne les admettrait plus – sauf exception – dans les autres établissements. En dehors des périodes d’accès, ils y trouveraient un refuge la nuit et une alimentation suffisante pour les mettre à l’abri de la faim, mais insuffisante pour les inciter à rester éternellement à l’asile et leur enlever le désir de trouver du travail.


Vraiment, cette solution semble parfaite. Et c’est, sans contredit, la plus pratique de toutes celles qui ont été proposées. Tout le monde y gagnerait. les vrais informes, demi-malades, travailleurs intermittents, ne seraient plus placés entre l’alternative de souffrir hors de l’hôpital et l’alternative de ne pouvoir chercher du travail quand ils y sont internés. L’Assistance ne gâcherait plus en vain de fortes sommes. Le public, sachant que tout véritable infirme devrait secouru, ne se laisserait plus exploiter comme il le fait aujourd’hui, et ne contribuerait plus à entretenir le mal. Enfin, est-il utile de dire qu’avec ce système les faux pauvres, les faux infirmes, les faux malades seraient rapidement dépistés ?

Une solution pratique et moins onéreuse qu’il n’y paraît. Elle ne nécessiterait pas d’établissements coûteux comme les hôpitaux. Elle ferait de la place dans ceux-ci, en éliminant tous les clients habituels, tous les « pilons», qui ne pourraient plus y être admis. Enfin, elle permettrait d’entretenir ces malheureux à moindres frais, car il ne faut pas oublier qu’un malade coûte en moyenne 3,60 francs ou 3,80 francs par jour dans un service de médecine et 5 francs dans un service de chirurgie.

(Article paru dans "La Chronique médicale ", janvier 1907)

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