jeudi 25 décembre 2014

Lien mère-enfant, il n’y a pas que le contact physique !

Publié le 16/10/2014


Certaines femmes éprouvent des difficultés à créer une relation adaptée avec leur nouveau-né. La théorie du lien décrite par Klaus et Kennell en 1976 avait pour but de promouvoir un contact physique précoce entre la mère et l’enfant ; depuis, il a été montré que ce contact n’était pas toujours nécessaire et que les difficultés rencontrées pouvaient être lié à la séparation physique mais aussi au manque de disponibilité émotionnelle de la mère.
Aux États-Unis, un questionnaire comportant 25 items, le PBQ (Postpartum Bonding Questionnaire) permet d’évaluer le lien mère enfant mais du fait de sa taille il est difficile à utiliser dans de larges études d’où l’intérêt d’en mettre une version courte en place. Le S(hort)-PBQ comporte 10 questions, les scores s’étalent de 10 à 50 et plus le score est élevé, plus le lien mère enfant est important.

Ce questionnaire a été soumis a 3 005 femmes enceintes de leur premier enfant (âge moyen 27,4 ans). A la fin du premier mois du post-partum, le score moyen est 47,65 (DS 2,59). Les femmes les plus âgées et ayant un niveau d’éducation plus élevé ont significativement un moins bon score d’attachement, de même que les femmes mariées et celles qui considèrent ne pas être concernées par la pauvreté. Comment l’expliquer ? Peut-être parce qu’elles répondent plus honnêtement ! Les femmes en situation précaire ont plus souvent tendance à donner les réponses qu’elles estiment qu’on attend d’elles.
Après ajustement, les modalités d’accouchement ne montrent pas de rôle dans le lien, mais lorsque la femme se plaint de douleurs dans le mois qui suit l’accouchement le score diminue et il en est de même lorsque l’enfant a des signes de coliques ce qui confirme l’idée que les problèmes de santé de l’enfant altèrent le lien.
L’allaitement ne modifie pas le score, ce qui va à l’encontre d’une certaine doxa, mais le sujet mérite d’être creusé.
La présence de l’enfant dans la chambre d’hôpital,  que l’on doit en bonne partie à Klaus et Kennell, n’est pas un gage de succès dans la mise en place du lien : que le nouveau-né y soit en permanence ou jamais ne change pas le score, alors que lorsqu’il n’y est que « parfois », le score diminue significativement. De nos jours, lorsqu’une mère et son enfant sont séparés, il s’agit soit du choix de la mère soit, le plus souvent du fait d’un problème de santé de la mère ou de l’enfant. Dans ces circonstances, on peut supposer que la mère a souhaité ou accepté la séparation physique d’avec son enfant et qu’elle se sent ainsi d’un point de vue émotionnel moins douloureusement séparée.
La S-PBQ peut être un outil à considérer pour évaluer le lien mère enfant mais la possibilité de biais socio-économiques doit la faire utiliser avec prudence.
Marie Gélébart




RÉFÉRENCES
BickingKinsey C et coll. : Birth-related, psychosocial, and emotional correlates of positive maternal-infant bonding in a cohort of first-time mothers. Midwifery 2014 ; 30 : e188-194


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