vendredi 19 décembre 2014

La mortalité baisse partout dans le monde, mais avec de fortes disparités entre les régions

 18/12/2014

Au cours des vingt dernières années, l’espérance de vie dans le monde a augmenté de plus de 6 ans avec la baisse de la mortalité cardiovasculaire et par maladies infectieuses, selon une étude publiée dans le « Lancet » réalisée à partir de la Global Burden of Disease Study 2013 (GBD 2013). Des mouvements de fond sont en marche, même si le trio de tête des pathologies les plus meurtrières (infarctus du myocarde, accidents vasculaires cérébraux, affections pulmonaires obstructives) reste le même avec 32% des décès.
Les causes de mortalité varient grandement par pays, mais au niveau mondial, certaines causes ont percé depuis 1990, comme le cancer hépatique lié au VHC (› 125%), le flutter et la fibrillation auriculaire (› 100%), les troubles liés à la consommation de drogues (› 63%), les maladies rénales chroniques (› 37%), la drépanocytose (› 29%), le diabète (› 9%) et le cancer pancréatique (› 7%). Dans le même temps, des chutes spectaculaires ont été constatées pour la mortalité par rougeole et par diarrhée, respectivement de 83% et 51%.

Alors que la GBD 2013 sur 240 causes de mortalité dans 188 pays sur 23 ans (1990-2013) pêchait par un manque de données sur les causes de mortalité spécifique par pays, un consortium international titanesque de plus de 700 chercheurs sous la direction de l’Institute of Health Metrics and Evaluation (Université de Washington) a relevé le défi scientifique avec le soutien de la fondation Bill and Melinda Gates. Des données supplémentaires issues de registres nationaux de 72 pays ont été intégrées, ainsi que deux bases détaillées pour la Chine et des informations pour le Mexique, le Royaume-Uni, la Turquie et la Russie.
Les épidémiologistes ont cherché à savoir si les causes principales de mortalité dans les pays en développement deviennent le miroir de celles des pays développés. Même si de grands progrès ont été faits dans la longévité, l’étude met en évidence que les défis sanitaires rencontrés dans des pays comme la Bolivie, le Népal et le Niger sont très différents de ceux de pays comme le Japon, l’Espagne et les États-Unis. En revanche, la situation des pays émergents comme le Brésil et la Chine est assez proche de celle des États-Unis.

L’Afrique toujours une exception

Dans les régions à haut revenu, la baisse de mortalité cardiovasculaire (-22%) et par certains cancers (-15%) a augmenté l’espérance de vie, alors qu’est en jeu dans les pays pauvres la diminution des diarrhées, des infections basses respiratoires et de la morbidité néonatale. À noter une seule exception au monde à l’augmentation globale de l’espérance de vie: l’Afrique sub-saharienne, où les décès par le VIH ont amputé plus de 5 années d’espérance de vie.
L’âge moyen de décès est passé de 46,7 ans en 1990 à 59,3 ans en 2013, le nombre de décès tous âges confondus étant passé de 47,5 à 54,9 millions. L’espérance de vie est passée de 65,3 ans en 1990 à 71,5 ans en 2013, augmentant de 6,6 ans pour les femmes et de 5,8 ans pour les hommes. Si la tendance constatée au cours des 23 dernières années se poursuit, les chercheurs estiment qu’en 2030 les femmes vivront jusqu’à l’âge de 85,3 ans et les hommes jusqu’à 78,1 ans.
En Inde, l’espérance de vie à la naissance s’est considérablement améliorée entre 1990 et 2013, passant pour les hommes de 57,3 ans à 64,2 ans et pour les femmes de 58,2 ans à 68,5 ans. La mortalité adulte et infantile a baissé respectivement de 1,3% par an et de 3,7% par an. Le suicide est un problème de santé publique préoccupant en Inde avec plus de la moitié des suicides survenant en Inde et en Chine. En Amérique latine et aux Caraïbes, les accidents de la route et les actes violents contribuent fortement à la mortalité prématurée, puisque ces causes sont classées dans les 5 premières, respectivement dans 17 et 15 des 29 pays de la région. Ailleurs, les actes de violence comptent parmi les 5 premières causes de mortalité dans un seul pays : l’Afrique du Sud.
Dr I. D.
Lancet, publié le 17 décembre 2014

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