jeudi 25 décembre 2014

EducLever Le savoir à la carte

CHRISTOPHE ALIX

C’est la grande promesse du numérique dans un monde de l’éducation en pleine mutation : proposer un apprentissage réellement personnalisé s’adaptant aux besoins et au rythme de progression de chaque élève. De l’enseignement sur-mesure que les Américains, jamais à court de mots pour incarner de nouveaux concepts, ont baptisé adaptive learning (l’apprentissage adaptatif, en français).
«Blocage». Très en vogue, cette nouvelle approche dans laquelle se sont engouffrés de gros acteurs du secteur Outre-Atlantique (Knewton, la plateforme Aleks rachetée par l’éditeur scolaire McGraw-Hill Education) est également celle de la start-up française Educlever. En parallèle de Maximours, un service de soutien scolaire en ligne créé dès 2000, la société dirigée par Patrice-Benjamin Magnard - le fils de l’éditeur Robert Magnard et pionnier de la librairie en ligne avec Alapage - s’est elle aussi lancée dans cette aventure très technologique En collaboration avec des laboratoires de recherche en sciences de l’éducation (le LIG à Grenoble, Liris à Lyon et l’Inria de Sofia-Antipolis), elle s’est lancée dans un très ambitieux programme de «cartographie des savoirs», socle de sa nouvelle plateforme d’enseignement sur-mesure en ligne.
Pour expliquer cette approche encore peu connue mais extrêmement innovante, le fondateur d’Educlever aime bien faire l’analogie avec les GPS embarqués dans les voitures. «Cette aide à la conduite optimise votre trajet en s’adaptant en temps réel à des données que vous ne maîtrisez pas, comme l’état du trafic, explique-t-il. La cartographie des savoirs suit une logique similaire en identifiant pour chaque notion tous les prérequis qu’elle suppose. Lorsqu’un élève bloque par exemple sur une opération comme la division, poursuit-il, elle permet d’y remédier par élimination en repérant les notions mal acquises précédemment. Notre cartographie permet d’isoler très précisément la ou les causes du blocage et, à partir de là, de réparer les lacunes de chaque élève de manière individualisée.»

Inventaire. Déjà testée sur 4 000 élèves (2 000 dans le département de la Somme et 2 000 via le Cned), cette cartographie matérialisée par des milliers d’interaction nécessite un travail d’inventaire colossal. Rien que dans les programmes de français et de mathématiques de CE2, CM1 et CM2, elle a répertorié quelque 5 000 «microcompétences» nécessaires à leur assimilation. Et ce n’est qu’une première étape puisqu’Educlever prévoit d’établir une cartographie complète du CP à la terminale pour toutes les matières, qu’elle estime entre 100 000 et 200 000 compétences.
«C’est un outil puissant pour remédier à l’échec scolaire, estime Fabrice de Comarmond, directeur général adjoint d’Educlever, qui pilote le déploiement de cette gigantesque plateforme de données scolaires. Elle va permettre aux enseignants de personnaliser les apprentissages dans la classe avec des résultats proches du tutorat.L’outil a été pensé pour eux afin de décupler leur apport dans le suivi personnalisé de chaque élève.»


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