lundi 10 novembre 2014

Grogne : les médecins russes aussi

11.11.2014



Grogne : les médecins russes aussi - 1

Des milliers de médecins russes licenciés, des dizaines d'hôpitaux fermés à Moscou: une réforme controversée a mis dans la rue les médecins russes qui craignent l'effondrement du secteur médical menacé par de sévères coupes budgétaires de l'Etat. Par dessus leurs manteaux d'hiver, ils étaient près de 6000, médecins et infirmiers moscovites, à avoir revêtu leurs blouses blanches et à braver le froid un dimanche de novembre pour protester contre les réformes entreprises par la mairie de Moscou. En cause: les licenciements annoncés de plus de 7.000 médecins et la fermeture de 28 hôpitaux et cliniques d'ici quelques mois, selon des documents divulgés par la presse russe.


La réforme du secteur médical, qui doit entrer en vigueur le 1er janvier 2015, fait partie des premiers décrets signés par Vladimir Poutine après avoir été réélu en mai 2012. Parmi ses directives phares, l'une prévoit de doubler les salaires du personnel médical, dont le niveau moyen national est très faible comparés à leurs homologues européens: 45.000 roubles pour un médecin (800 euros) et 26.000 roubles pour un aide-soignant (460 euros). Pour autant, le Fonds d'assurance obligatoire, chargé selon la réforme de financer les hôpitaux et leurs employés, devrait voir son budget se contracter de 15% d'ici à 2015. A Moscou cette baisse atteint les 18%, selon le quotidien financier RBK. "On ne donne pas les moyens financiers à la réforme: du coup, il faut réduire le nombre de médecins concernés", explique Ioulia Nisnievitch, spécialiste du secteur médical et professeur à la Haute Ecole d'Economie de Moscou.

Olga Demitchiova, docteur moscovite devenue la porte-parole des médecins depuis sa mise en ligne d'une vidéo où elle interpelle M. Poutine, estime pourtant que "la réforme est plus indispensable que jamais". "Mais M. le Président, (les députés chargés de la réforme) vous donnent des faux chiffres et des mesures bancales", accuse-t-elle. "Je comprends que les Jeux olympiques (d'Hiver), la Crimée ont coûté cher mais ne vous rattrapez pas en économisant des vies humaines". Pour Iouli Nisnievitch, la grogne des médecins risque de se généraliser. "Tôt ou tard, les manifestations vont devenir massives, si cela continue. C'est une grave menace pour l'Etat, et il ne peut l'apaiser en distribuant de l'argent, car il n'a plus d'argent", assure-t-il. Médecins et infirmiers moscovites ont prévu une nouvelle manifestation le 29 novembre.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire