mardi 21 octobre 2014

Service public

17.10.2014


« STSP », « HPST »… Décidément les sigles de quatre lettres ont le don d’agir sur les médecins libéraux comme des repoussoirs. Ainsi, six ans après s’être mobilisés contre la réforme « HPST » de Roselyne Bachelot, vos syndicats repartent-ils en guerre contre la loi de santé de Marisol Touraine et son concept phare le « Service Territorial de Santé au Public » (STSP). Il est vrai qu’entre la réforme adoptée mercredi par le conseil des ministres et les précédentes, il y a depuis vingt ans comme un fil rouge qui se joue des clivages politiques… Le plan Juppé a créé les ARH, la réforme Bachelot les a transformées en ARS, celle de Marisol Touraine dote désormais ces « préfets sanitaires » de vrais pouvoirs sur le terrain…

Pour quoi faire ? C’est précisément ce qui inquiète vos représentants. Le nouveau « Service Territorial de Santé au Public » que les Agences régionales vont devoir mettre en place ratisse large, puisque chacun – médecins libéraux, maisons de santé pluridisciplinaires, centres de santé, cliniques – a vocation à y entrer aux côtés de l’hôpital. Ce service public de la santé devrait donc – un peu comme celui de l’enseignement aujourd’hui – rassembler demain acteurs publics et privés. On pourrait voir dans cette ouverture la marque d’une égalité entre acteurs concurrents. Marisol Touraine jure même que le dispositif met en avant comme jamais le médecin de ville. Ce n’est pas du tout l’analyse des organisations de libéraux qui prédisent une mise sous tutelle de la ville par l’hôpital et redoutent les contraintes qui pourraient être imposées dans ce cadre aux médecins libéraux.


Car si la définition du nouveau service public demeure floue, il est clair qu’y participer supposera, côté médecin, tiers payant, évidemment, mais aussi honoraires opposables, participation à la PDS, installation comme il faut et au bon endroit?; et plus si affinités : parcours patients chroniques, éducation thérapeutique, réseaux… Certes, comme le rappelle la ministre, chacun demeurera libre de s’engager ainsi avec son ARS. Mais pourra-t-on durablement rester à l’écart des nouveaux « contrats de territorialisation » alors qu’aides, subventions et autres avantages seront l’apanage du nouveau « STSP » ? En creux se dessine là un maillage conventionnel bis au plan régional avec, à ce niveau, un conventionnement sélectif qui ne dit pas son nom et dont vos syndicats se méfient comme de la peste. D’autant que, demain, les ARS seront à la tête de super-régions à même de concurrencer un jour la convention médicale…
Jean Paillard, directeur de la rédaction

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