jeudi 16 octobre 2014

Infirmerie psychiatrique de la préfecture de police de Paris : et après ?

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IMAGES. C'est dans cette annexe de Sainte-Anne que sont conduites près de 2 000 personnes par an, jugées dangereuses et souffrant de troubles mentaux.


L'infirmerie psychiatrique de la préfecture de police de Paris est installée au 3, rue Cabanis, dans le 14e arrondissement, dans une annexe de l'hôpital psychiatrique Sainte-Anne.
L'infirmerie psychiatrique de la préfecture de police de Paris est installée au 3, rue Cabanis, dans le 14e arrondissement, dans une annexe de l'hôpital psychiatrique Sainte-Anne. © Marine T

On l'a traînée dans la boue, en justice, dans des groupes de travail. Chaque fois, elle a survécu en concédant quelques modifications. Elle n'a pas beaucoup changé depuis 1872, l'Infirmerie psychiatrique de la préfecture de police de Paris (I3P). Mais un peu quand même. 
Endroit mythique, longtemps verrouillé, c'est dans cette annexe de l'hôpital Sainte-Anne que sont conduits, en vertu de l'article 3213-2 du code de la santé publique, près de 2 000 individus par an trouvés dans les rues de Paris, souffrant de "troubles mentaux manifestes", et représentant un "danger imminent pour la sûreté des personnes".
La plupart d'entre eux sont SDF, schizophrènes, toxicomanes ou alcooliques, le tout souvent cumulé. À l'issue de 48 heures maximum passées à l'I3P, plus de la moitié seront hospitalisés d'office dans un établissement psychiatrique. Les 45 % restant seront remis entre les mains de la police, ou relâchés (12 %). 

Circuit policier

Si l'I3P pose problème, c'est qu'elle dépend de la préfecture de police. Dans toutes les autres communes de France, en effet, c'est aux urgences psychiatriques classiques qu'est conduit l'individu potentiellement malveillant. Et ce, sur demande du maire et non des commissaires, comme c'est le cas dans la capitale. 
Si les hôpitaux psychiatriques de France, et a fortiori leurs urgences, dépendent du ministère de la Santé, l'I3P, établissement psychiatro-policier, dépend du ministère de l'Intérieur.

"C'est difficile de faire comprendre à la police qu'on ne demande pas l'hospitalisation"

À l'issue de son séjour à l'I3P, le "présumé malade" parisien reçoit par l'un des six "médecins-certificateurs" de cet établissement un certificat médical demandant son hospitalisation d'office (soins psychiatriques à la demande du représentant de l'État, ou SPDRE) ou sa relâche. C'est le Bureau des actions pour la santé mentale (BASM) qui entérinera la décision et assurera le suivi du patient jusqu'à l'abrogation de la mesure par le juge des libertés. Or le BASM dépend lui aussi de la préfecture de police. Il est d'ailleurs situé juste au-dessus de l'I3P. En province, ce sont les agences régionales de santé (ARS) - qui dépendent du ministère de la Santé et non de l'Intérieur - qui assurent cette mission. 

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