vendredi 10 octobre 2014

Angoulême : pour son retour en province, François Hollande soutient le plan autisme

09/10/2014

Il ne s’était jamais exprimé sur l’autisme, déléguant la construction du troisième plan 2013-2017 à l’ex-ministre Marie-ArletteCarlotti. Pour son retour en province, le président de la République FrançoisHollande, accompagné deSégolène Neuville, secrétaire d’État au Handicap, Najat VallaudBelkacem, ministre de l’Education nationale, et Martine Pinville, députée de Charente, a visité le centre d’action médico-sociale précoce (CAMPS) de Soyaux puis l’une des 30 nouvelles unités d’enseignement en maternelle (UEM), à l’école Pierre-de-Ronsard d’Angoulême. Deux structures qui illustrent, du diagnostic précoce à l’entrée à l’école, les avancées du 3e plan autisme, et les espoirs qu’il suscite.
Au CAMPS, François Hollande a échangé avec professionnels, associatifs et représentants de la région.

« Nous attendons avec impatience les financements : ils nous serviront à créer des postes, à renforcer la présence de la pédopsychiatre, à recruter des orthoptistes et psychomotriciens, à acquérir les outils indispensables au suivi des enfants et à nous former », a expliqué au président le Dr Nathalie Bauer, directrice médicale. Le plan prévoit en effet de créer, grâce à une enveloppe de 17 millions d’euros, 310 postes dans les CAMPS et les centres médicopsycho-pédagogiques (CMPP) pour renforcer le dépistage précoce. Pour l’heure, seule une petite partie des financements a été donnée aux ARS, chargées de les répartir dans les structures qui respectent les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) et de l’ANESM.

Un élève modèle

Unique dans le département, le CAMPS de Soyaux, où est pratiquée, dès les premiers âges, la thérapie d’échange et de développement (TED) élaborée à Tours il y a 30 ans, touchera 152 245 euros en 2015. Avec son équipe pluridisciplinaire (kinéorthoptistesergothérapeute, psychiatre, psychomotriciens, assistante sociale...), ses liens forts avec la neuropédiatrie de l’hôpital, la PMI, les pédiatres de ville, les professionnels de crèches, ou son expertise dans le dépistage précoce, il fait figure d’élève modèle.
À l’école Pierre-de-Ronsard, les mères de 6 petits autistes, intégrés dans l’UEM ouverte ce 22 septembre, ont exprimé leur « satisfaction » et« soulagement ». Et de témoigner des progrès de leurs enfants, contents d’aller à l’école, de découvrir de nouveaux moyens de communication, et de s’ouvrir aux autres. Une trentaine d’unités similaires se sont ouvertes cette année. Quelque 30 autres ouvriront à la rentrée 2015, puis 40 d’ici à 2017. « Nous voulons 100 unités : la scolarisation est importante ; dans la cour, il n’y a pas de distinction. C’est le vivre ensemble », a déclaré François Hollande.

Des financements pérennes

« Dans cette période où on parle beaucoup d’économies budgétaires, vous pourriez craindre que le plan autisme (financé à hauteur de 205,5 millions d’euros) soit lui-même concerné. Il ne l’est pas », a indiqué François Hollande, ajoutant que la « France n’a pas toujours été à la pointe sur le handicap ». Il a même incité les professionnels du CAMPS et l’ARS à consommer les crédits rapidement.
À 1,5 an de son lancement, ce 3e plan est bien engagé : outre l’ouverture des UEM, une instruction précisant le cadre national de repérage, diagnostic et intervention précoces, destinée au ARS, dont les pratiques, encore l’an passé, étaient disparates, a été publiée en juillet 2014, 7 régions expérimentent des formations aux aidantsfamiliaux, les projets de recherche s’accumulent sur le bureau de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie.

Beaucoup reste à faire

Beaucoup reste à faire néanmoins dans l’accompagnement et la prise en charge des adultes. Les ARS doivent désormais lancer les appels à projet pour créer, sur une enveloppe de 68,5 millions d’euros, 1 500 places en FAM et MAS. Un référentiel qualité est actuellement en cours d’expérimentation dans le Limousin et les Yvelines, qui pourrait être publié en 2015. Mais ce public, mal diagnostiqué, dispersé entre hôpitaux psychiatriques, établissements médico-sociaux et Belgique, reste difficile à appréhender. Enfin, la formation des professionnels, sanitaires comme médico-sociaux, est un chantier à renforcer et homogénéiser. « Monsieur le Président, encouragez les équipes de psychiatrie à accepter les recommandations de la HAS », a demandé France Jousserand, de Autisme France, à François Hollande.
Coline Garré, à Angoulême

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