jeudi 11 septembre 2014

Où l’on reparle du bracelet électronique en psychiatrie

11/09/2014




L’intrusion d’interventions technologiques s’avère « de plus en plus fréquente en psychiatrie », mais peut soulever « des préoccupations éthiques et des controverses. » C’est notamment le cas de la surveillance électronique, présentée par ses promoteurs comme une « aide à la sécurité publique dans un cadre médico-légal », mais dénoncée au contraire par ses détracteurs comme susceptible de « provoquer un malaise important, voire des troubles psychologiques. » On se souvient ainsi du débat, voilà quelques années, sur le port éventuel du bracelet électronique par des malades mentaux[1]. Cette proposition d’élargir son usage (hors du contexte judiciaire vers des indications psychiatriques) a été rejetée en France où les psychiatres pensent généralement que sa présence pourrait susciter « des angoisses massives, une dépersonnalisation, une transformation de l’image corporelle, voire un risque d’automutilation pour se débarrasser du bracelet. »

Mais depuis trois décennies, ce « contrôle électronique » existe en Grande-Bretagne dans certains établissements de santé. Question posée par les éditorialistes du British Journal of Psychiatry : ce dispositif (qualifié aussi de « repérage par GPS ») peut-il améliorer la gestion du risque en psychiatrie ? Les auteurs estiment que cette surveillance électronique peut s’appliquer dans certaines indications (surtout pour le contrôle en continu des sujets déments ou des délinquants sexuels) et qu’elle s’avère « d’autant plus efficace que la technologie derrière les appareils progresse et devient plus conviviale, à la fois pour l’autorité de surveillance et pour le patient. »
Avec l’avancée des nouvelles technologies, le risque augmente cependant de « percevoir un tel outil comme une panacée. » Aussi les auteurs rappellent-ils que, « malgré leur avantage pour les patients et les fournisseurs de soins », ces nouveaux outils doivent être « vus et utilisés comme une partie de programmes de soins complets plutôt que comme des interventions isolées. »
Dr Alain Cohen
RÉFÉRENCES
Tully J et coll.: Can electronic monitoring (GPS ‘tracking’) enhance risk management in psychiatry? Br J Psychiatry 2014 ; 205 : 83–85.

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