L’économie de la connaissance, propulsée par Internet, exerce une pression paradoxale sur la vie de nos cerveaux. D’une part, la disponibilité vertigineuse des savoirs a ringardisé les « têtes bien pleines » pour favoriser la rapidité, l’agilité, la créativité neuronale. Mais, d’autre part, elle menace de nous abêtir par excès de sollicitations. D’où le repli inquiet vers les mille et une méthodes promettant de « muscler » notre intelligence, qui n’envisagent du coup que sa dimension mesurable – via les tests de QI –, c’est-à-dire calculatrice, abstraite, rationnelle. Or nous sentons bien que, dans notre quotidien même, sont à l’œuvre d’autres formes d’intelligence – « émotionnelle », « pratique » ou dévolue aux infinies nuances de l’existence. Et les philosophes nous le confirment, qui n’ont eu de cesse d’approfondir, d’élargir, d’affiner le spectre énigmatique de la sagacité humaine, des droites fulgurances de l’intuition aux somptueuses arabesques géométriques. Avec eux nous comprenons que les intelligences sont toujours singulières, étrangères aux règles, promptes à la surprise.
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