samedi 30 août 2014

Polémique ravivée sur les 35 heures : à l’hôpital, douze ans de « grand bazar

29/08/2014

Le nouveau ministre de l’Économie Emmanuel Macron a relancé le débat polémique sur les 35 heures, en se déclarant, quelques jours avant sa nomination, favorable à une dérogation possible au sein des entreprises. Patronat, syndicats, politiques : le déluge de réactions ne s’est pas fait attendre, malgré un démenti immédiat de Matignon, assurant que le gouvernement n’a pas l’intention de revenir sur la durée légale du travail.

Désorganisation

À l’hôpital public, où le passage aux 35 heures remonte à 2002, la question reste vive aujourd’hui. Un nombre croissant d’hôpitaux adopte la journée de travail de 7 h 36, ce qui bouleverse les accords conclus il y a quelques années. Cet été, selon SUD santé, 9,5 jours de RTT sont ainsi partis en fumée à l’hôpital Paul-Guiraud, à Villejuif. Le syndicat dénonce une manœuvre de la direction contre le personnel. Il a engagé un référé en suspension auprès du tribunal administratif.

Les 35 heures à l’hôpital, décidées et imposées par Martine Aubry, ont de fait désorganisé de très nombreux hôpitaux et creusé leur déficit. Les 45 000 recrutements prévus initialement n’ont été que partiellement réalisés.
Parallèlement, les comptes épargne temps (CET) n’ont cessé de gonfler : entre 2002 et 2012, les médecins hospitaliers ont accumulé 2 millions de jours RTT ! Le gouvernement Fillon, début 2012, a désamorcé la bombe en débloquant une enveloppe exceptionnelle pour régler l’addition. Mais les stocks se sont reconstitués, et le problème reste entier.

Conquête sociale ou boulet ?

Droite et gauche continuent régulièrement de s’affronter sur le sujet. Lors d’un débat en février à la Haute Assemblée, des sénateurs UMPavaient fustigé l’insuffisance des recrutements médicaux et paramédicaux, la multiplication des contrats précaires et de l’intérim, lesurcoût pour les finances hospitalières (600 millions d’euros). « On a affaibli l’hôpital de manière extrêmement fortetançait alors l’UMPGérard Larcheron a mis en péril la continuité des soins. »
Marisol Touraine a admis ce jour-là que les 35 heures avaient été plus difficiles à appliquer à l’hôpital que dans d’autres secteurs, et avaient sans doute bousculé l’organisation des établissements. Avant d’ajouter :« La réduction du temps de travail a été au cœur des grandes conquêtes sociales. »
Delphine Chardon
Le directeur de Paul-Guiraud (Villejuif) quitte ses fonctions
 
À la suite de la réorganisation programmée du temps de travail àPaul-Guiraud (aboutissant à supprimer une dizaine de jours de RTT), et sur fond de climat social tendu, Henri Poinsignon a quitté jeudi ses fonctions de directeur d’établissement. Directrice de l’hôpital psychiatrique Maison-blanche (Paris), Nicole Pruniaux est nommée directrice intérimaire par arrêté.

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