lundi 18 août 2014

L’hygiène, une préoccupation pour les sans-abri

LE MONDE | Par 
La salle de bains itinérante Mobil'douche sillonne les rues des Hauts-de-Seine et les 13e et 14e arrondissements de Paris deux fois par semaine.
Rester propre malgré le dénuement. Loin de l'image du clochard hirsute et malodorant, près de 70 % des sans-abri se douchent plus d'une fois par semaine. C'est l'un des enseignements d'une récente enquête de l'Observatoire du SAMU social de Paris sur les habitudes d'hygiène menée auprès de 1 008 personnes dormant dans l'espace public ou fréquentant les centres d'hébergement. Ce travail est un des rares à s'intéresser à un sujet souvent passé sous silence.
La fréquentation, même irrégulière, des structures d'hébergement facilite la toilette. Seules 2,2 % des personnes qui y sont hébergées même de façon irrégulière prennent une douche moins d'une fois par semaine, contre 16,1 % chez ceux qui dorment dans la rue ou les bois parisiens. Ces derniers sont ceux qui fréquentent le plus les bains-douches publics : 67 % y ont recours. Les accueils de jour, la piscine, l'hôpital, le domicile de proches sont aussi des lieux d'hygiène.

Les sans-abri se préoccupent aussi de leur linge. Les personnes hébergées affirment à 58,7 % faire leur lessive à la machine au moins une fois par semaine, contre 34,2 % pour celles qui dorment dans la rue. Malgré leur prix, les laveries automatiques sont largement utilisées par les sans-domicile-fixe ne fréquentant pas les centres d'hébergement (76,3 %) qui les préfèrent aux équipements des accueils de jour ou des associations. Les contraintes d'horaire, le manque de machines, mais aussi la peur d'attraper les microbes d'autres sans-abri ou de côtoyer des camarades d'infortune expliquent ce désintérêt. Faute de solution, le lavage à la main avec un simple savon de toilette est préféré.
Facteur essentiel pour la santé mais aussi pour l'estime de soi et l'insertion sociale, la propreté est toujours citée par les personnes sans domicile comme un de leurs besoins essentiels. Pourtant, les dispositifs publics gratuits sont rares. Dans de nombreux endroits, les bains-douches municipaux ont été transformés en commerces ou simplement rasés. Ceux qui sont encore en usage sont souvent vieillissants ou mal adaptés au public de la rue. Ainsi à Paris, l'accès aux 17 bains-douches est gratuit, mais produits d'hygiène et linge de toilette ne sont pas fournis.
SALLE DE BAINS ITINÉRANTE
Le monde caritatif a longtemps fait l'impasse sur le don de produits d'hygiène et l'accès aux commodités, préférant se cantonner à la distribution alimentaire. Les initiatives autour de l'hygiène sont relativement récentes. La Croix-Rouge distribue depuis trois ans des kits de produits de toilette pendant l'hiver. Plus original, en région parisienne depuis 2012, un camping-car aménagé de deux douches bien isolées, dont l'une accessible aux personnes à mobilité réduite, va à la rencontre des sans-abri. Cette salle de bains itinérante, baptisée Mobil'douche, sillonne les rues des Hauts-de-Seine et les 13e et 14e arrondissements de Paris deux fois par semaine.

Développée par Ranzika Faïd, engagée dans le bénévolat depuis de nombreuses années, cette initiative unique en Europe a proposé en 2013 un peu plus de 240 douches. Le véhicule est aussi un lieu d'écoute et propose également des vêtements. Un deuxième camping-car est en cours d'aménagement, mais l'association, qui compte une cinquantaine de donateurs et une trentaine de volontaires, manque de moyens pour essaimer son concept.

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