mardi 12 août 2014

Évolution de l’héroïnomanie aux États-Unis

Publié le 11/08/2014


Des reportages dans les médias grand public ont montré que l’héroïnomanie aux États-Unis s’est déplacée progressivement depuis les centres urbains défavorisés (low-income urban areas) vers des régions plus diversifiées qu’auparavant (banlieues, zones rurales) et qu’elle frappe surtout, désormais, la population blanche. Une recherche réalisée dans ce pays y décrit l’évolution de la consommation d’héroïne depuis une cinquantaine d’années, avec l’intention de vérifier notamment l’impact allégué des prescriptions médicales de médicaments opiacés sur ce type de toxicomanie.

Les auteurs constatent que les sujets héroïnomanes dans les années 1960 étaient majoritairement (environ 83 %) des hommes jeunes (âge moyen : 16,5 ans), pour lesquels l’héroïne constituait la porte d’entrée principale vers la toxicomanie. Au contraire, les usagers venus à la drogue plus récemment ont commencé à un âge plus avancé (en moyenne vers 23 ans). Ils vivent moins souvent qu’autrefois en zone urbaine (ce mode d’habitat ne concernant actuellement qu’un usager sur quatre environ) et on observe que, pour la plupart d’entre eux (75 %), l’initiation à ce genre de drogue résulte de prescriptions détournées de médicaments opiacés.
Les auteurs confirment que si l’héroïnomanie touchait autant les Noirs que les Blancs avant les années 1980, cette toxicomanie tend à se répandre particulièrement parmi les Blancs (près de 90 %) depuis le début du XXIème siècle. Leur analyse rétrospective de la consommation d’héroïne montre que son visage a donc changé depuis 50 ans : sa répartition géographique est maintenant plus étendue et sa ventilation sociologique s’est également modifiée, affectant aujourd’hui « essentiellement des hommes et des femmes de 25 à 30 ans vivant en dehors des grandes zones urbaines. » Rappelant que ces données épidémiologiques seront bien sûr intégrées aux « efforts en matière de traitement et de prévention », les auteurs estiment qu’un grand nombre d’héroïnomanes seraient probablement passés de la consommation de médicaments opiacés à l’héroïne, car cette drogue serait « moins chère et plus accessible » que les opiacés délivrés sur ordonnance.
Dr Alain Cohen
RÉFÉRENCES
Cicero TJ et coll.: The changing face of heroin use in the United States : a retrospective analysis of the past 50 years. JAMA Psychiatry, 2014 ; 71 : 821–826.

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