jeudi 31 juillet 2014

Juliette Rennes, l’œil sur les inégalités

LE MONDE 

LE MONDE DE DEMAIN, PARLONS-EN AUJOURD'HUI

Juliette Rennes.
Juliette Rennes. | FÉDÉRIC STUCIN POUR LE MONDE
Depuis ses débuts universitaires, la sociologue et militante décrypte les discours discriminatoires et leurs controverses
L'idée qu'une seule personne puisse « faire le monde » de demain la dérange, mais plus encore d'être présentée sous ce titre. Juliette Rennes croit d'abord à l'action collective, comme citoyenne engagée et comme chercheuse. Si elle figure dans le palmarès du Monde, ce serait plutôt comme le symbole d'une génération qui arrive aujourd'hui en poste à l'université. Une génération brillante, aux dires des maîtres, qui doit faire face aux difficultés de la recherche et où, situation inédite, on trouve presque autant de femmes que d'hommes. Entendons-nous bien : autant de femmes que d'hommes au premier échelon. Car le titre de professeur de faculté, ou équivalent, reste une prérogative majoritairement masculine. Là comme ailleurs, le mérite ne suffit pas à faire sauter de vieilles résistances.
Juliette Rennes, à 37 ans, le sait mieux que quiconque : son ouvrage paru en 2007, Le Mérite et la Nature (Fayard), presque un classique déjà, retrace la longue conquête par les femmes des professions de prestige. Rien ne fut facile pour ces pionnières (première médecin, première avocate, première ingénieure…) de la IIIe République ; contre elles, on a fait feu de tout argument, à commencer par celui de leurs dispositions « naturelles » à s'occuper des enfants. Elles ont argué, de leur côté, qu'en République seul comptait le mérite et qu'il fallait admettre, devant la preuve que constituait la réussite des femmes aux concours ou examens, que celui-ci était également partagé.
Des arguments et des preuves. Voilà comment a progressé la cause des femmes, et c'est bien ce qui intéresse Juliette Rennes, la manière dont les féministes ont étayé leurs revendications à l'égalité et, inversement, les chemins intellectuels empruntés par leurs adversaires.

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