mardi 24 juin 2014

Les hospitalisations pour infarctus ont quadruplé en Chine

24/06/2014
Crédit photo : AFP
La chape de plomb autour de la santé se dissipe dans l’Empire du Milieu. Financée par le gouvernement chinois, l’étude China-PEACE publiée dans le « Lancet » fait état, pour la première fois de façon représentative, de la prise en charge hospitalière de l’infarctus du myocarde (IDM) en Chine. Et les chiffres sont édifiants sur la transition épidémiologique qui s’opère là-bas.
Sur la décennie étudiée (2001-2011), parallèlement à l’augmentation de prévalence des facteurs de risque, le taux d’hospitalisations pour IDM avec sus-décalage du segment ST (STEMI) a quadruplé, passant de 3,7 pour 100 000 habitants en 2001 à 15,8 pour 100 000 en 2011. Mais ce n’est pas tout, l’étude souligne le décalage existant entre le boom économique et un système de soins à la traîne.

Les hôpitaux de médecine traditionnelle mis de côté

L’entreprise relevée par le collectif de China-PEACE était à l’image de la Chine, gigantesque. Pour cela, les chercheurs ont constitué un panel représentatif par une double sélection au hasard, d’abord des hôpitaux (selon l’origine géographique et économique), puis des patients ayant eu un STEMI. Ce qui représente, au final, 162 hôpitaux non militaires retenus parmi les 6 623 recensés en 2011, et 13 815 admissions pour STEMI. Avaient été exclus du pool de sélection : les hôpitaux pénitentiaires, les hôpitaux spécialisés sans service cardio-vasculaire et les hôpitaux de médecine traditionnelle chinoise.

Pas de reperfusion pour la moitié des STEMI

Le système de soins est encore inadapté aux nouveaux besoins en cardiologie. Et la capacité d’accueil n’est pas seule en cause. Malgré de réels progrès, par exemple pour l’administration d’aspirine dans les 24 heures et de clopidogrel, la durée d’hospitalisation ou encore le recours en 1re intention à l’angioplastie coronaire, ce sont à la fois les infrastructures, la formation professionnelle et la qualité globale des actes prodigués qui ne suivent pas. L’administration de bêtabloquants et d’inhibiteurs de l’angiotensine est restée largement insuffisante. Seule la moitié des candidats a reçu un traitement de reperfusion en 2011 et la mortalité hospitalière n’a pas baissé.
Certes, l’étude ne permet pas de dire si l’augmentation des hospitalisations est due à l’incidence des infarctus à la hausse ou à un accès facilité à l’hôpital. Et pour le Dr Jing Li, de la Chinese Academy of Medical Sciences et premier auteur, la période a été marquée à la fois par une augmentation de prévalence des facteurs de risque et le lancement d’une réforme du système de santé ayant doublé les dépenses annuelles pour améliorer l’accès aux soins. Il reste qu’en pointant les défaillances dans la prise en charge des STEMI, l’étude China-PEACE met l’accent sur la nécessité de poursuivre la politique entreprise et de redoubler d’efforts en cardiologie. Avec des IDM très majoritairement STEMI en Chine, la mortalité par infarctus a plus que doublé ces deux dernières décennies, générant plus de 1 million de décès chaque année.
Dr I. D.
The Lancet, publié en ligne le 24 juin 2014

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