jeudi 8 mai 2014

L'hôpital Robert-Debré fichait ses agents

AFP
«Refus du changement», «commérage»... L'Assistance publique-Hôpitaux de Paris reconnaît que des dossiers ont été établis sur certains employés de l'établissement parisien.

L’hôpital Robert-Debré a établi des fiches nominatives d’agents en fonction de leur comportement plus ou moins docile, a reconnu l’AP-HP mercredi, tout en condamnant cette pratique révélée par le Canard Enchaîné. Un premier fichier nominatif concerne 43 aides-soignantes et auxiliaires de puériculture de la maternité de Robert-Debré.

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Y figurent ceux qui ont des «comportement négatifs», soit, tel que défini dans le document, ceux qui sont «souvent opposés aux changements» ce qui a «un effet négatif sur le climat social», indique une source interne. Le document, daté d’octobre 2013 et envoyé par erreur dans un courrier interne, recense également «des leaders négatifs» qui ont «une emprise négative sur l’équipe: refus de changement, commérage, opposition à la hiérarchie».

Il ne s’agit pas d’un «système organisé» mais de «pratiques et d’initiative individuelles» et la cadre à l’origine du fichier «a été déchargée de ses responsabilités il y a trois mois», a assuré à l’AFP Martin Hirsch, le directeur général de l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris).

La direction a «mis en place une démarche d’amélioration des conditions de travail avec la participation active des équipes du service de la maternité», assure par ailleurs l’AP-HP dans un communiqué.

«FLICAGE PERMANENT»

Un autre document de travail remis en mars 2014 quantifie le nombre d’interventions réalisées en 2013 par atelier (mécanique, menuiserie, serrurerie, etc.) et par certains agents cités nommément. «Cela met les ateliers et les agents en concurrence, et c’est illégal», déplore auprès de l’AFP un agent qui a requis l’anonymat. «Le flicage est permanent», déplore cet agent.

L’affaire de l’hôpital Robert-Debré n’est pas isolée. A l’hôpital Georges-Pompidou, ce sont des chirurgiens qui ont fait l’objet de fiches comptabilisant le nombre et la durée de leurs interventions. L’affaire a été portée devant la justice par les médecins et l’AP-HP a pour sa part porté plainte en février pour diffamation publique envers un fonctionnaire, après le piratage du mail de la directrice de l’établissement.

«Il y a une ambiguïté sur le statut des fiches et tableaux qui ont circulé entre trois personnes» pour «savoir s’il était conforme aux déclarations de la CNIL (commission nationale de l’informatique), et il y a aussi piratage d’un mail», a estimé Martin Hirsch.

Dans ce contexte, consigne a été donnée à tout l’AP-HP de «se mettre en règle là où on ne l’est pas», a poursuivi Martin Hirsch, faisant valoir que près de 800 applications informatiques (planning, paye, etc) étaient utilisées au sein de l’AP-HP qui emploie environ 92 000 personnes. Cette mise en conformité pour vérifier que chaque application est couverte par la CNIL «ne se fait pas en 24 heures, cela prendra environ un mois».

«Il est possible si nous faisons bien notre travail que d’autres utilisations de fichiers remontent» pour lesquels «les gens ont cru bien faire et ont mal fait», consent le directeur général de l’AP-HP.

Mais «on peut conformément à la loi suivre l’activité de chaque salarié», plaide Martin Hirsch «pour assurer aux Français que l’argent mis à l’hôpital est bien utilisé». «On est comptable de l’activité des personnes qui travaillent à l’AP-HP, vis-à-vis des patients» qui s’y font soigner, dit-il.

AFP        


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