lundi 5 mai 2014

C’est arrivé le 5 mai 1808 Mort de Cabanis

Le plus philosophe des médecins est né en Limousin, au château de Salagnac, à Cosnac, le 5 juin 1757. 

Après avoir été pensionnaire au collège de Brive-la-Gaillarde où il se révéla un élève difficile, Cabanis fut envoyé à Paris par son père, avocat de formation reconverti dans l’agriculture, pour y poursuivre ses études sous la protection de Turgot. Là, il se forge un copieux bagage philosophique en dévorant Cicéron, Platon, Saint-Augustin, Montaigne, Montesquieu, Buffon et Bossuet. Il se pique aussi de poésie et, jeune homme velléitaire, entame aussi une traduction de L’Iliade.

Après avoir accompagné comme secrétaire à Varsovie un noble polonais, Cabanis doit, rentré à Paris, se choisir, sur l’instance de son père, une vraie profession. Sur les conseils du Docteur Dubreuil, il se décide pour la médecine et, après sept ans d’études, prête serment à Reims en 1784.


Parallèlement, après avoir rencontré Madame Helvetius à Auteuil, Cabanis devient un habitué des salons parisiens et il y rencontre notamment Turgot et Condorcet.

En 1785, poussé par Madame Helvetius, il commence à rédiger un ouvrage sur le « Degré de certitude de la médecine » où il affirme que « la médecine, base de la connaissance de l’homme, est une science morale ». Il pretend aussi que « l'influence du moral sur le physique n'est que l'influence du système cérébral sur les autres organes ».

Survient la Révolution et il en épouse la cause, devenant un ami intime de Mirabeau pour lequel il écrit quatre discours sur l’instruction publique. Lors du débat sur la peine de mort, Cabanis clame haut et fort que, selon lui, celle-ci est « un grand crime social qui n’en prévient aucun ». Cela n’empêchera pas la machine du Dr Guillotin de jouir d’un grand succès, la première décapitation ayant lieu le 23 avril 1793.

Mais, la Terreur et le massacre de ses amis décident le médecin à se tenir dans l'ombre et à rester le plus discret possible. En juillet 1794, lorsque ses proches prennent le pouvoir, lorsque la Terreur cesse enfin, il revient aux affaires. Ainsi, avec le décret du 4 décembre 1794 qui permet la réouverture des écoles de médecine, Cabanis prend la fonction de professeur adjoint à la clinique du perfectionnement entre 1794 et 1795.

Élection à l’Institut

Elu à l’Institut le 15 octobre 1795 (classe des Sciences morales et politiques, section de l'analyse des sensations et des idées), il commence là la lecture de mémoires qui formeront le notable ouvrage « Rapports du physique et du moral de l'homme ». Le frère cadet d’André Chénier, poète et homme politique lui aussi, dira en l’écoutant : « Cabanis, intéressant et clair avec profondeur, en comparant l'homme physique et l'homme moral, a soumis la médecine à l'entendement ».

Entre 1797 et 1798, il devient l'adjoint de Corvisart. C'est à cette époque qu'il écrit une série d'articles pour le journal Le Conservateur dans lequel il alterne les textes scientifiques et les articles de propagande antiroyaliste.
Elu représentant du peuple au conseil des Cinq-Cents en 1798, pour le département de la Seine, Cabanis n'aura de cesse de se consacrer aux questions médicales et aux problèmes de l'enseignement.

En 1799, Cabanis rencontre dans un salon parisien Bonaparte revenu de la campagne d’Egypte mais il va vite être décu par l’autoritarisme du « Petit caporal » et par le retour aux idées religieuses qu’il prône. Il retourne donc à ses écrits, poursuivant son grand œuvre « Rapports du physique et du moral de l’homme .
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Le 28 juin 1803, l’Institut étant réformé et la classe des sciences morales supprimée, Cabanis devient membre de la classe de Langue et Littérature françaises y occupant le fauteuil n° 40.

Même s’il s’est éloigné de Bonaparte, il est resté fidèle à celui qui est maintenant empereur et qui le fait commandeur de la Légion d’honneur. Ilfait également partie de la première promotion de sénateurs d’empire au meme titre que Volney ou Garat. Mais il ne siègera jamais au Sénat, refusant d’entériner les decisions del’Empereur.

En 1804, Cabanis publie « Coup d’œil sur les revolutions et la réforme de la médecine à Paris » où, en fidèle disciple de Corvisart, il prône l’examen du patient, l’anamnèse et l’observation des symptômes de la maladie au chevet du patient.

Alors qu’il a toujours été de constitution fragile, Cabanis va voir sa santé brusquement s’altérer en 1805 et réduit considérablement ses activités, se contentant de reviser sa traduction de l’Iliade et finit d’écrire sa lettre à Thurot sur les poèmes d’Homère.

Cabanis, dont la devise était « Vivre, c’est sentir ,» meurt le 5 mai 1808, à Seraincourt, dans le Val-d’Oise, des suites d’une congestion cérébrale. Huit jours après son décès, son corps est transféré au Panthéon où l’éloge funèbre est prononcé par le philosophe, journaliste et homme politique Dominique-Joseph Garat. Son cœur, lui, est deposé au cimetière d’Auteuil, non loin de madame Helvetius. Cabanis sera fait à titre posthume Comte d’Empire le 23 mai de la même année.

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