lundi 7 avril 2014

Nos enfants sont-ils devenus fous ?

Par Juliana Bruno


Des enfants s'amusent dans un parcPhoto Skynesher / Vetta / Getty Images
Un enfant sur sept souffrirait d'un trouble du comportement en France.
Autisme, troubles du comportement, bipolarité… Les diagnostics se multiplient comme si soudain, des milliers d’enfants étaient devenus toqués. Lorsque la maladie est nommée, les parents sont à la fois soulagés, mais aussi stigmatisés. Enquête.
En France, 100 000 jeunes de moins de 20 ans seraient atteints d’un trouble envahissant du développement (TED) ; l’autisme infantile concernerait environ 30 000 d’entre eux ; et 15% des enfants seraient diagnostiqués avec un trouble du comportement, selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).  Un chiffre qui ne cesse d’augmenter comme si, brutalement, il n’y avait plus de place pour la moindre excentricité. Pour les parents, un diagnostic précis est souvent synonyme de soulagement. Mais il peut aussi s’avérer stigmatisant.
Louis a 7 ans. Il sait lire depuis l’âge de 5 ans et s’intéresse particulièrement au dictionnaire, qu’il scrute pendant des heures, au point d’en oublier le monde qui l’entoure. Également passionné par l’aéronautique, il passe des après-midis entiers à dessiner des modèles d’avions et n’est absolument pas intéressé par ses petites sœurs qui réclament pourtant son attention. Louis est-il autiste ? Souffre-t-il de bipolarité ? Présente-t-il un autre trouble du comportement ?

Des diagnostics difficiles à établir

En un quart de siècle, l’Association américaine de psychiatrie a distingué de nouveaux critères pour diagnostiquer certaines maladies, provoquant une augmentation de 50 % de la détection de cas de troubles mentaux et une multiplication par 40 de celle de la bipolarité. Un bon exemple de cette catégorisation des symptômes concerne celui d’Asperger. Décelé en 1994, il s’applique aux personnes qui développent des intérêts qui dépassent l’entendement commun. Passionnés par les dinosaures, l’astronomie ou l’informatique, ils s’imposent également une routine stricte et ont le changement en horreur. La surmédiatisation de ce syndrome, devenu « populaire » notamment avec  la sortie du film Rain Man de Barry Levinson en 1988, a peut-être engendré de faux diagnostics. À quel point faut-il être différent pour être Asperger ? Au vu des symptômes associés, le jeune Louis, évoqué précédemment, en souffrirait peut-être.




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