mardi 15 avril 2014

La fin du zéro pointé « non mérité » en dictée

LE MONDE | Par 
Pour éviter de décourager les abonnés aux notes calamiteuses, l'éducation nationale a imaginé un nouveau barème.
Une faute, un point en moins. Avec son système de notation ancestral, la dictée voit fleurir en nombre les zéros pointés. Pour éviter de décourager les abonnés aux notes calamiteuses, l'éducation nationale a imaginé un nouveau barème, présenté jeudi 10 avril dans le cadre de la loi sur la refondation de l'école. Les élèves de primaire et de collège évalués selon ce système verront s'additionner les scores obtenus dans trois catégories distinctes : l'orthographe des mots, l'accord des noms et l'accord des verbes.

A l'origine de cette expérimentation, Olivier Barbarant, inspecteur général de français convaincu de la nécessité de réformer la dictée, « monument national » de l'éducation. « Elle passe pour un enseignement de l'orthographe, mais ce n'est rien de plus aujourd'hui qu'une évaluation-sanction, déplore-t-il. La dictée ne fait que certifier un niveau, sans donner aux élèves les moyens de s'améliorer. » Avec le nouveau barème, salué par l'Association française des enseignants de français (AFEF), les professeurs pourraient mieux cerner les difficultés de leurs élèves et adapter leurs cours à ces lacunes.
MARQUER DAVANTAGE LES DIFFÉRENCES DE NIVEAU
L'idée d'en finir avec l'ancienne notation n'est « pas en soi révolutionnaire », précise M. Barbarant. Mais la mise en oeuvre est toujours compliquée. C'est la raison pour laquelle l'éducation nationale propose son système de notation sous la forme d'un logiciel sur Internet. Les professeurs pondéreront chacune des trois catégories de fautes selon leurs attentes pédagogiques. L'expérimentation a été faite sur 1 500 copies du brevet 2013, dans les académies de Poitiers et de Créteil. Globalement, le maniement de cet outil informatique n'a pas posé de problème aux correcteurs.
Le barème graduel devrait permettre de marquer davantage les différences de niveau entre les élèves. Olivier Barbarant prend l'exemple de deux élèves de 3e à l'académie de Poitiers. A la même dictée, ils avaient eu respectivement 0/20 et 2/20 avec l'ancienne notation : deux notes équivalentes, alors que la première copie était « indéchiffrable », et la seconde seulement« lacunaire »« Les règles de grammaire et de conjugaison, ce deuxième élève les appliquait certes de manière aléatoire, mais il en avait visiblement entendu parler. Ce n'était pas le cas du premier », explique l'inspecteur. Notées selon le nouveau barème, les copies ont reçu 2/20 et 8/20.
DIFFICULTÉS GRANDISSANTES
Comme pouvait le redouter le ministère, certains ont accusé ce système de relever artificiellement les notes sans s'attaquer au problème de fond : des difficultés orthographiques grandissantes. Parmi ces critiques, celles du « champion du monde » d'orthographe et professeur de français dans un lycée nordiste, Bruno Dewaele. « Ce n'est pas un changement de barème qui va apprendre les règles à nos élèves », prévient-il. Pour lui, l'école ne consacre plus assez de temps à l'apprentissage du français, tandis que les fautes d'orthographe ont envahi médias et espace public. « Comment voulez-vous que les jeunes se sentent concernés par quelque chose que tout le monde méprise ? »

Ecoliers et collégiens ne verront pas tous apparaître le nouveau barème du ministère dans leur cahier de dictées. Pour l'instant, il ne s'agit que d'une incitation.

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