samedi 19 avril 2014

Bronchiolites : la kiné n’a pas été évaluée en ville

La revue « Prescrire » s’est fait l’écho d’une revue de la littérature de la Cochrane concluant à l’inefficacité de la kiné respiratoire dans les bronchiolites... hospitalisées. Cette précision ne relève pas du détail, car, comme le souligne le Pr Vincent Gajdos, auteur de l’étude française Bronkinou (2010), la situation tout autre en ambulatoire justifie de faire appel à des critères d’efficacité très différents.


« Les neuf études sélectionnées, dont notre étude Bronkinou en France, n’ont inclus que des enfants hospitalisés, précise le Pr Vincent Gajdos, pédiatre à l’hôpital Antoine-Béclère (Clamart), et premier auteur d’un des deux seuls essais randomisés sur le sujet. La kiné à l’hôpital n’a pas diminué le délai de guérison ni la durée d’hospitalisation. Mais si la méthode n’a pas amélioré les enfants hospitalisés, on ne peut rien dire sur la situation en ville. Pas grand-chose de nouveau en somme, cette revue de la littérature existe depuis longtemps. Un essai testant l’efficacité de la kiné en ambulatoire s’avère nécessaire, ce que, tous, nous réclamons avec les réseaux bronchiolites. »

Mieux manger, mieux dormir

L’étude Bronkinou avait conclu en 2010 qu’il n’y avait pas lieu de recommander systématiquement de la kiné à tous les enfants hospitalisés. L’étonnement n’était que modéré car la kiné respiratoire est peu pratiquée ailleurs, comme aux États-Unis ou en Grande-Bretagne, en raison d’un niveau de preuves trop faible. « Les bronchiolites hospitalisées, c’est-à-dire les formes les plus graves, ne représentent que 3 % de l’ensemble des cas, précise le pédiatre. Les 97 % restants sont traitées en ville. Ce que l’on attend de la kiné en ville diffère ce que l’on en attend à l’hôpital. La kiné est censée permettre de désencombrer l’arbre respiratoire de l’enfant et par là, à l’aider à mieux manger, mieux dormir et se sentir plus confortable. »
Quant aux effets indésirables pointés du doigt pour la kiné, il faut les remettre à leur juste mesure. « Les fractures de côtes sont rarissimes », précise le Pr Gajdos. Les vomissements en cours de séance sont liés à la manipulation et la majoration de la détresse respiratoire est transitoire. « Dans l’étude Bronkinou, tous les enfants avaient intégralement récupéré en fin de séance. De plus, le nombre d’épisodes respiratoires graves avec bradycardie et désaturation n’était pas significativement différent dans les deux groupes, avec ou sans kiné. C’est regrettable que "Prescrire” ne l’ait pas précisé. » Si la nécessité d’un essai ambulatoire ne fait pas de doute, les fonds sont difficiles à lever. « Le coût s’élève à plusieurs centaines de milliers d’euros, la discussion est de savoir si cela ne relève pas en partie du rôle des pouvoirs publics et de l’Assurance-Maladie. »
› Dr Irène DROGOU
lequotidiendumedecin.fr 05/12/2012

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