mercredi 26 mars 2014

L’anxiété informatisée

Publié le 13/03/2014


Quelles que soient les réticences traditionnelles des « classiques » face à la « modernité » bouleversant les habitudes, l’informatique triomphante a modifié depuis longtemps nos pratiques, y compris dans les domaines semblant relever exclusivement de l’intervention humaine. En voici une nouvelle preuve, avec l’élaboration aux États-Unis d’un « test adaptatif informatisé pour évaluer l’anxiété » (Computerized Adaptive Testing–Anxiety Inventory, CAT-ANX). Ce test a été développé auprès de 1 614 personnes avec ou sans trouble d’anxiété généralisée (generalized anxiety disorder), recrutés auprès d’une clinique psychiatrique et d’un centre de santé mentale (community mental health center).

Pour préciser les catégories diagnostiques (trouble d’anxiété généralisée, trouble dépressif majeur), les auteurs se sont appuyés sur l’entretien clinique structuré du DSM-IV (Structured Clinical Interview) [1]. . Les scores pour ce test CAT-ANX se révèlent « fortement associés » à la probabilité de diagnostic de trouble d’anxiété généralisée (avec une bonne estimation de sa gravité), et l’utilisation conjointe du CAT-ANX et d’un test informatisé analogue pour la dépression (Computerized Adaptive Testing–-Depression Inventory [2] ) permet de « prédire avec précision » la présence d’un trouble dépressif à titre de comorbidité.
Pour les auteurs, ce nouveau test pourrait être appliqué de façon « peu coûteuse, efficace et précise » afin d’amorcer le dépistage de l’anxiété dans le cadre « de soins primaires », autrement dit pour effectuer un premier tri entre les patients relevant d’une consultation plus spécialisée (psychologique ou/et psychiatrique) et les autres. Il serait aussi possible d’appliquer ce test dans un contexte d’« essais cliniques, en épidémiologie psychiatrique, en génétique moléculaire » ou d’envisager son extension « en pédopsychiatrie ou pour d’autres cultures » où l’anxiété revêt parfois des visages différents que les critères canoniques du fameux DSM.  

Dr Alain Cohen

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