mardi 11 mars 2014

Des coups sur la tête, retour de bâton

Les études explorant les relations entres les traumatismes crâniens et des troubles psychiatriques ultérieurs souffrent souvent de faiblesses méthodologiques et montrent des résultats contradictoires.
Dans une nouvelle recherche, la plus vaste étude réalisée à ce jour sur ce thème, les auteurs ont exploité les registres statistiques du Danemark pour évaluer l’incidence des psychoses apparentées à la schizophrénie, des troubles unipolaires, bipolaires, ou d’origine organique chez plus de 110 000 personnes avec un antécédent de traumatisme crânien. Les données ont été ajustées en fonction du sexe, de l’âge, de l’histoire psychiatrique de la famille, des antécédents éventuels de comitialité, du contexte infectieux ou auto-immun, et des fractures n’impliquant pas le crâne ni le rachis.

Les auteurs observent une association significative entre les traumatismes crâniens et certaines affections mentales :
Schizophrénie : risque (incidence rate ratio) multiplié par 1,65, intervalle de confiance à 95 % (IC95 %) [1,55–1,75]
Dépression : risque multiplié par 1,59, IC95 % [1,53–1,65]
Trouble bipolaire : risque multiplié par 1,28, IC95 %  [1,10–1,48]
Trouble mental d’origine organique : risque multiplié par 4,39, IC95 %  [3,86–4,99].
Pour toutes ces pathologies (sauf en matière de trouble bipolaire), l’incidence des traumatismes crâniens se révèle plus importante que celles des fractures n’impliquant ni les os du crâne ni du rachis, ce qui suggère, estiment les auteurs, que ce constat ne serait pas « simplement attribuable au contexte accidentel. » Il s’avère par ailleurs que les traumatismes crâniens survenus entre l’âge de 11 ans et l’âge de 15 ans constituent « le facteur prédictif le plus fort pour l’apparition ultérieure d’une schizophrénie, d’une dépression ou d’un trouble bipolaire. » Et cet accroissement du risque de maladie mentale (suite à un traumatisme crânien) ne diffère pas selon l’absence ou la présence d’antécédents psychiatriques dans le milieu familial.
Dr Alain Cohen
RÉFÉRENCES
Orlovska S et coll.: Head injury as risk factor for psychiatric disorders: a nationwide register-based follow-up study of 113 906 persons with head injury. Am J Psychiatry, 2013; publication avancée en ligne le 10 décembre. doi:10.1176/appi.ajp.2013.13020190.

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