lundi 23 décembre 2013

Espagne : la révision de la loi sur l'avortement, un retour de trente ans en arrière pour la presse espagnole

Le Monde.fr | 
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Manifestation à Madrid, en juillet 2012, contre le projet de réforme de l'avortement défendu par le gouvernement conservateur. Sur le ventre des femmes, les inscriptions : « Oui à la vie mais c'est moi qui choisis » et « Les prêtres et les juges, hors de mon corps ». | DANI POZO/AFP
Trois jours après l'annonce du projet de loi du gouvernement conservateur espagnol limitant fortement l'interruption volontaire de grossesse, et qui annule la loi de 2010 qui autorisait l'avortement jusqu'à quatorze semaines de grossesse et jusqu'à vingt-deux en cas de malformation du fœtus, continue de provoquer des remous. Si ce texte est approuvé par le Parlement, où le Parti populaire (PP)  détient la majorité absolue, l'avortement ne sera plus un droit et ne sera autorisé qu'à deux conditions : en cas de viol ou de grave danger pour la mère. 
De nombreux opposants au texte dénoncent un retour en arrière de trente ans, le pays revenant de fait à une législation datant de 1985. « Un retour au passé », titre d'ailleurs El Pais, dans son éditorial du 21 décembre :

« Avec ce projet de loi, l'Espagne revient à des temps que nous croyions dépassés et consacre un mode de régulation autoritaire qui non seulement nie à la mère un quelconque droit de décision sur sa maternité, mais la met dans la même position qu'une mineure, et la subordonne à des tierces personnes qui auront la possibilité de décider quelque chose qui la conditionnera pour le reste de sa vie. » 
Le quotidien dénonce également l'immixtion, autorisée par le PP, de la religion dans la sphère publique :
« Avec cette loi, le gouvernement confond la morale privée et publique. Elle concède à l'Etat la possibilité de dire dans quel cas une femme peut avorter en fonction de quelque croyance religieuse. »
« UN ENGAMENT POUR LA VIE » TROP TIMIDE POUR LA PRESSE CONSERVATRICE
Le quotidien El Mundo dénonce également la loi présentée par le ministre de la justice, Alberto Ruiz-Gallardón, jugée  «obscurantiste » et « anachronique » :
« Le ministre de la justice considère vraiment les femmes comme le sexe faible, soumises au paternalisme et incapables de décider du sort de leurs entrailles. »
La Razon, quotidien conservateur et catholique, a par contre salué la réforme du ministre de la justice sur « le drame de l'avortement » dans son éditorial du lundi 23 décembre :
« Nous ne sommes pas face à un projet parfait, (...), mais la réalité est que ce texte est un véritable engagement envers la vie. »
Un projet de loi également imparfait pour le quotidien conservateur ABC, qui assure que « la réforme mérite d'être reconnue parce qu'elle annule l'aberration de l'avortement vu comme un droit ». « Mais la tâche continue », prévient ABC, pour qui la loi ne va pas assez loin.
Deux positions distinctes qui font dire à La Vanguardia, quotidien espagnol fondé en Catalogne, que cette loi ne met personne d'accord :
« Paradoxalement, ni les pro-vie ni ceux en faveur du droit à l'avortement ne tombent d'accord sur la nouvelle loi : certains la considèrent “insufisante”, d'autres “restrictive et arbitraire”. »

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