samedi 23 novembre 2013

Quand Kennedy voulait réformer la psychiatrie

22/11/2013


En février 1963, dans une allocution « historique » au Congrès des États-Unis, le président JF Kennedy (qui avait lui-même une sœur handicapée)[1] attirait l’attention sur l’urgence d’une meilleure prise en charge des maladies mentales et de la déficience intellectuelle.
Cet intérêt d’un président pour ce sujet était alors « sans précédent» rappelle, 50 ans plus tard, son homonyme (ou apparenté ?) HPJ. Kennedy. JFK s’efforça donc de soutenir une politique en faveur des malades mentaux : la Public Law 88–164 du 31-10-1963 fut adoptée moins d’un mois avant l’assassinat de Dallas, mais en fait « enterrée avec Kennedy » car le Congrès ne finança pas les objectifs généreux de cette loi !
[2] Afin de « mieux servir les intérêts des patients et de leurs familles » et d’intégrer les « dimensions médicale, sociale et environnementale » pour optimiser les chances de guérison, cette loi (connue sous l’appellation « Mental Retardation Act ») devait favoriser de nombreux « changements positifs » dans la vie de « millions d’Américains », comme par exemple :
–La désinstitutionnalisation de la psychiatrie, c’est-à-dire le recul de la psychiatrie asilaire, au profit de structures plus légères (community mental health centers) à travers l’ensemble des États-Unis.
–L’amélioration du financement de la recherche en psychiatrie.
–Une meilleure attention envers les usagers avec déficience intellectuelle.
–Un renforcement de la formation des médecins et des autres professionnels impliqués.
–Une promotion du travail en équipes multidisciplinaires.

Mais malgré des avancées certaines, beaucoup reste à faire un demi-siècle plus tard. Par exemple, le fléau de la stigmatisation des maladies mentales continue à gangrener les réactions sociales à l’encontre des personnes affectées par des troubles psychiatriques ou par une déficience intellectuelle. Et le souhait de JFK demeure toujours d’actualité : « Aujourd’hui, dans l’état actuel de la science, il sera possible pour un pays aussi riche en ressources humaines et matérielles (comme les États-Unis) de rendre accessibles les confins lointains de l’esprit. Les malades et les handicapés mentaux ne doivent plus demeurer étrangers à nos affections ni au-delà de l’assistance de nos communautés. »

Dr Alain Cohen

Kennedy HPJ et coll.: The next 50 years: a new vision of Community of Mental Health. Am J Psychiatry, 2013; 170: 1097–1098.

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