lundi 18 novembre 2013

Le sport en chambre en est-il vraiment un ?

LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | 
La science improbable ose tout et c’est même à ça qu’on la reconnaît. Rien ne l’arrête, pas même les frontières de l’intime et de l’alcôve. On se souvient par exemple du chercheur britannique Giles Brindley qui n’hésita pas, lors d’un colloque d’urologie à Las Vegas en 1983, à baisser culotte pour montrer au public tétanisé le prodigieux effet d’une injection de papavérine dans son propre pénis, inaugurant l’ère de l’érection médicamenteuse. On n’oubliera pas non plus cette étude dans laquelle des couples avaient été mis à contribution pour analyser les échanges de poils pubiens lors des rapports sexuels, le tout au profit de la police scientifique. Et voilà que, dans un article publié, en octobre, dans la revue PLoS One, une équipe canadienne vient apporter la réponse à une question fameuse : le sport en chambre en est-il vraiment un (de sport) ?
Le sujet n’est pas vraiment nouveau et, depuis un demi-siècle au moins, la science a tenté de mesurer les efforts consentis dans les galipettes de matelas. Ainsi, en 1966, après onze ans d’observations (faut ce qu’il faut), une étude impliquant près de 700 volontaires âgés de 18 à 89 ans avait-elle noté une accélération du rythme cardiaque et de la respiration et une hausse de la tension artérielle. D’autres expériences avaient par la suite été menées, avec électrocardiogramme et mesure de la consommation d’oxygène, mais aucune n’avait tenté d’évaluer le nombre de calories brûlées durant l’acte d’amour.

LES HOMMES DÉPENSENT 101 CALORIES ET LES FEMMES 69
Nos médecins canadiens notent que les travaux de leurs prédécesseurs comportent d’« importantes limites méthodologiques ». Primo, ils ont tous été pratiqués en laboratoire, et non dans l’environnement habituel des grands singes humains. Secundo, l’équipement utilisé à l’époque s’avérait peu adapté à ces ébats. A moins d’aimer s’embrasser à travers un masque ou de se servir des câbles reliés aux électrodes pour s’attacher ou se fouetter, tout cela n’était guère pratique et risquait de fausser le naturel et l’élan nécessaires à l’expérience (surtout si un laborantin vous observait par un hublot pour s’assurer que vous n’abîmiez pas le matériel).
Il a donc fallu trouver un protocole plus respectueux de l’intimité. Heureusement, la miniaturisation des appareils est passée par là. Vingt et un jeunes couples hétérosexuels et en bonne santé ont été recrutés avec pour mission de faire une fois par semaine l’amour pendant un mois, en n’oubliant pas de mettre un simple brassard bourré de capteurs chargés de mesurer la dépense énergétique et l’intensité de l’effort, minute par minute. Chacun des cobayes devait aussi remplir un questionnaire sur la fatigue et le plaisir ressentis… et passer une demi-heure à courir sur un tapis roulant, pour avoir un point de comparaison sportif.

La première semaine a, en moyenne, été la plus physique (sans doute histoire de montrer à ces chercheurs tout ce dont on était capable), mais les choses se sont calmées ensuite et, au bout d’un mois, les chiffres ont parlé. L’affaire dure entre 10 et 57 minutes, avec une moyenne à 25 minutes. Les hommes dépensent 101 calories et les femmes 69, alors qu’en trottant sur le tapis roulant les premiers ont brûlé en moyenne 276 calories et les secondes 213. Bref, il y a mieux comme préparation aux Jeux olympiques que le mille-pattes paillard, le perroquet qui sanglote, la brouette japonaise, la marmite à tourniquet, le tournedos béarnaise et le derviche à grand braquet chers à Boby Lapointe.

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