mardi 19 novembre 2013

Cancer bronchique : 5 fois plus de suicides…

07/11/2013

Aux Etats Unis, le cancer bronchique représente la première cause de décès par cancer, dans les deux sexes. Il est par ailleurs établi que le taux de suicide chez les patients atteints de cancer est plus élevé que dans la population générale.
Une étude a cherché à identifier les facteurs de risque de suicide dans cette population. Les malades, atteints d’un cancer primitif du poumon, ont été identifiés par la base de données épidémiologiques de l’Institut National du Cancer américain. Le surcroît de mortalité lié au suicide a été estimé par les ratios de mortalité standardisés(SMR), calculés en comparant le taux de suicide dans la population atteinte de cancer bronchique avec le taux de suicide dans la population américaine correspondante du point de vue de l’âge.
Sur une période allant de 1973 à 2009, le diagnostic de cancer primitif bronchique a été posé chez 871 230 patients. L'âge médian au moment du diagnostic est de 69 ans pour l'ensemble de la cohorte. Cinquante-huit pour cent des patients sont des hommes et une majorité (54 %) présentent des métastases à distance au moment du diagnostic. Un traitement actif a été refusé par 23 185 patients (3 %).
Dans cette population, 1 184 décès par suicide ont été identifiés. Le délai médian entre le diagnostic et le suicide est de 7 mois,  33,8 % des suicides étant intervenus dans les 3 mois suivant le diagnostic.

Le taux de suicide n'a pas changé considérablement au fil du temps, avec  un taux de 8,83 pour 10 000 années-personnes de 1973 à 1979 contre un taux de 7,17 entre 2000 à 2009. Le ratio de mortalité standardisé (SMR) de l'ensemble de la cohorte est de 4,95. Le SMR est de 13,4 dans les 3 premiers mois suivant le diagnostic de cancer. Une grande variabilité est mise en évidence  dans les différents sous-groupes analysés, y compris selon le type histologique : le SMR est ainsi de  1,58 en cas de carcinome broncho-alvéolaire vs 7,28 pour les carcinomes à petites cellules. Les SMR  les plus élevés  ont été identifiés chez les patients avec les caractéristiques suivantes : sexe masculin, âge avancé, tumeur de haut grade, maladie métastatique, et chez les patients n'ayant pas reçu de traitement ou l’ayant refusé. Cependant, les auteurs relèvent que, malgré un SMR plus élevé chez les patients avec une maladie métastatique, 50 % des suicides surviennent chez des malades avec une atteinte plus limitée, locorégionale et donc potentiellement une maladie curable.
En conclusion, cette étude observationnelle montre que le risque de suicide chez les malades atteints de cancer bronchique est 5 fois plus élevé que dans la population générale et qu’il existe un « pic » immédiatement après l’annonce du diagnostic. Des efforts sont à fournir pour prévenir ces décès évitables.

Dr Béatrice Jourdain

Urban D et coll. : Suicide in Lung Cancer. Who Is at Risk?
Chest 2013; 144: 1245–1252.

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