mardi 22 octobre 2013

Médecins du monde veut plus qu'un plan de lutte contre la pauvreté pour réduire les inégalités



Au travers de son Observatoire 2013de l'accès aux soins des plus démunis, l'association Médecins du monde ne peut que constater impuissante l'accentuation des inégalités sociales de santé chez les plus démunis depuis quelques années. D'un centre installé à l'origine en 1986 à Paris pour faire office d'alerte sur la situation des exclus de la Sécurité sociale, l'association est désormais gestionnaire de vingt Centres d'accueil, de soins et d'orientation (Caso), à l'activité croissante. En 2012, 63 212 consultations y ont été effectuées, dont 41 033 médicales, 3 855 dentaires et 17 070 sociales concernant 30 560 personnes. Soit une augmentation constante de la file active et globale de 3,7% depuis 2011 et de près de 24% depuis 2008. Avec pour motif principal de recours : le besoin de soins à 80,7%.


L'Observatoire 2013 de Médecins du monde
À regret, Médecins du monde constate l'aggravation par la précarité des problèmes de santé : "À l'issue des consultations, un suivi ou un traitement sont nécessaires pour plus de trois quart des patients reçus, qu'ils souffrent d'une affection aigüe ou chronique. Et parmi ceux souffrant d'une pathologie chronique, 58% n'étaient ni suivis ni traités avant leur passage aux Caso". L'association remarque aussi que de nombreux obstacles dans l'accès aux soins relèvent de la complexité des démarches, renforcée par des dysfonctionnements administratifs : "seules 12,3% des personnes reçues ont des droits ouverts alors que 77% relèvent d'un dispositif de couverture maladie". Conséquence directe : un retard de recours voire un non-recours aux soins. 



Considérant ces indicateurs dégradés de santé, Médecins du monde juge "qu'il faudra aller au-delà des mesures annoncées" dans le plan quinquennal de lutte contre la pauvreté et pour l'inclusion sociale, pour combattre la misère et ses conséquences sanitaires. Elle plaide en outre pour un dispositif simplifié d'accès aux soins pour tous, et notamment pour la fusion de l'Aide médicale d'État (AME) dans la Couverture maladie universelle (CMU). Elle demande le rétablissement de la protection des étrangers gravement malades en revenant à la législation de 1998. Ou encore de poursuivre, consolider et améliorer le dispositif de Permanence d'accès aux soins de santé (Pass), notamment dentaires, psychiatriques et pédiatriques.
Pia Hémery

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