dimanche 7 juillet 2013

En Seine-Saint-Denis, un collège montre l'exemple



LE MONDE | Par 

Le collège Jean Lurçat, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).
Le collège Jean Lurçat, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). | FLORIAN KLEINFENN

Espace et lumière ne sont pas que de vains mots. Dans la banlieue nord de Paris, l'exemplaire collège Jean Lurçat, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) signé par l'agence Mik. S, des jumelles Selma et Salwa Mikou, démontre combien ces deux principes, propres aux lieux de vie et de savoir, peuvent être respectés à la lettre. Cet établissement scolaire jouit d'un irrésistible attrait, tant pour ceux qui l'occupent (élèves, enseignants, utilisateurs passagers), que pour son voisinage, qui craignait l'émergence d'une école face à ses tranquilles pavillons.
L'équation n'était pas simple. Comment, sur une emprise oblongue et courbe, construire sans l'imposer, un programme dense de 12 000 m2destiné à accueillir 700 élèves, dont 40 logés dans un internat d'excellence (ouvert à des collégiens motivés mais ne bénéficiant pas d'un cadre favorable pour réussir leurs études), une cuisine centrale fournissant 2 500 repas quotidiens à six établissements du cru, et un gymnase aux dimensions plus que généreuses ouvert aux riverains.

"Il fallait répondre à l'attente des collégiens et à la crainte du voisinage, d'où l'idée de travailler un bâtiment poreux", explique Salwa Mikou, la plus impliquée des deux sœurs architectes dans le projet. On a voulu inaugurer quelque chose de nouveau en matière d'éducation." L'une des logiques : "Plus on a d'espace, plus c'est fluide."
Plutôt que de recourir à une barre continue, l'agence Mik. S a choisi de travailler le collège "comme un ensemble de pavillons". De couleurs distinctes, ils sont unifiés par des espaces-tampons ouverts en terrasses, sur des patios plantés, et sont enveloppés d'une trame métallique anodisée (traitée en surface). Sur la façade, des effets d'ondulation et de perforation introduisent d'infimes jeux d'ombre et de lumière, qui altèrent l'intensité de la teinte et introduisent ce que Selma Mikou appelle des"bruissements chromatiques".
ANAMORPHOSES
Ce souci de lumière se retrouve à l'intérieur. Largement vitré, le hall traversant se prolonge par un préau de part et d'autre des façades. Visuellement, on glisse de la rue à la cour sans entraves. Cerise sur le gâteau : un escalier blanc immaculé et ajouré invite à rejoindre les étages où sont situées les salles de classe.



Ici encore, la lumière du jour se joue de volets finement ajourés pour éclairer, en nuances, les volumes consacrés à l'étude. Selon les humeurs du soleil, un effet d'ombrière se propage parfois sur les murs. Mais c'est dans les amples couloirs revêtus d'un béton teinté d'ocre dans la masse que les sœurs Mikou affirment leur "idée essentielle : la casbah". Là où elles ont choisi d'implanter les anamorphoses géométriques de l'artiste suisse Felice Varini, contributions ludiques à la réussite de ces lieux.

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