jeudi 25 juillet 2013

En Italie, les médecins du secteur public en grève contre les coupes budgétaires

23/07/2013
Médecins, vétérinaires, cadres et techniciens de la santé publique se sont mis en grève pendant 4 heures, lundi 22 juillet, pour protester contre les coupes budgétaires à hauteur d’un milliard d’euros et le non-renouvellement de la convention collective nationale de travail bloquée depuis 2009 (avec gel de salaire).
Selon l’estimation des syndicats, 70 à 90 % des 135 000 médecins et vétérinaires du service public et 20 000 dirigeants, techniciens et professionnels du secteur sanitaire italien ont adhéré au mouvement d’arrêt d’activité.

« Les ressources financières sont revues à la baisse. Du coup, la qualité du service est menacée, analyse Massimo Cozza, secrétaire national du syndicat CGIL Medici. Dans les milieux hospitaliers, le nombre de médecins diminue d’année en année en raison du blocage du turnover. À cela s’ajoute une situation de précarité qui touche quelque 10 000 blouses blanches ».
Le syndicaliste explique que les réductions de personnel entraînent un surcroît d’heures supplémentaires notamment de nuit. « Mais sans qu’elles soient payées ! », se désole Claudio Aurigemma, secrétaire régional de l’Anaao, l’association des médecins cadres.

30 000 opérations annulées

Dans leur cahier de doléances transmis au ministère de la Santé, les syndicats réclament la réouverture du robinet des fonds publics, la remise à plat des conditions de travail et la redéfinition des organigrammes dans l’administration hospitalière. Les syndicats demandent aussi que l’avancement de carrière des médecins soit soustrait aux influences politiques.
La grève de ce début de semaine a entraîné l’annulation de milliers de visites, de 500 000 contrôles médicaux et 30 000 opérations non urgentes. Pour éviter de pénaliser les patients, les syndicats ont garanti le fonctionnement des services d’urgence.
Les vétérinaires ayant eux aussi cessé leur activité, cette protestation a touché par ricochet les producteurs de viande, de poissons, de fruits et légumes, qui pour la plupart avaient fermé leurs portes. « Le système de la santé publique risque de s’effondrer à cause des restrictions budgétaires », affirment les syndicats qui soulèvent aussi la question des contentieux croissants avec les patients. Selon un rapport publié en janvier par le ministère de la Santé, 45 000 plaintes ont été déposées l’an dernier devant les tribunaux. Ce nombre a triplé en 15 ans...

Assurances en hausse

Certes, dans 99,5 % des cas, les médecins ont gain de cause. Restent que les coûts des procès ont poussé les assurances à revoir leurs contrats à la hausse. Une politique pénalisante pour les budgets des services hospitaliers, déjà en chute libre.
Selon la feuille de route du gouvernement, les discussions sur le renouvellement de la convention collective nationale de travail devraient démarrer fin 2014. Mais les syndicats redoutent que l’exécutif repousse le début des pourparlers. Dans ce contexte, les confédérations n’ont pas l’intention d’enterrer la hache de guerre.
› DE NOTRE CORRESPONDANTE À ROME ARIEL F. DUMONT

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