mercredi 17 juillet 2013

Des solutions existent pour améliorer l'observance thérapeutique du patient

 15/07/13 - HOSPIMEDIA
L'observance, notion étroitement liée à l'éducation thérapeutique du patient et plus encore à sa responsabilisation, coûte cher au patient lui-même et plus largement au système de santé. Les professionnels de santé, laboratoires et spécialistes de la télémédecine ont cerné ce sujet aux enjeux stratégiques.

L'ANALYSE

Le 12 juin dernier, à l'occasion de la 6e édition des Trophées de l'hospitalisation privée dans la catégorie "Qualité", la clinique de Saint-Orens, près de Toulouse, a été primée pour son initiative "améliorer l'observance des patients après un séjour complet de rééducation cardiovasculaire" (lire notre sujet du14/06/2013). Elle a d'abord étudié la sédentarité et la pratique d'activité physique de 80 patients, grâce à un accéléromètre, deux mois puis un an après la fin du programme de rééducation cardiovasculaire après leur sortie de l'établissement. Et constaté que pour la moitié d'entre eux, les niveaux cibles recommandés par les médecins n'étaient pas atteints. La clinique a alors mis en place un programme de coaching téléphonique, qui a démontré une réelle amélioration, en plus d'être peu coûteux. Dans le même esprit, une étude menée à l'hôpital la Timone de l'Assistance publique-hôpitaux de Marseille (AP-HM) a montré que les patients destinataires d’un SMS quotidien leur rappelant de prendre leur traitement antiagrégant par aspirine le prennent mieux que ceux qui ne reçoivent pas de messages (lire notre sujet du 07/03/2013). La Commission européenne a quant à elle distingué début juillet 32 villes et régions d'Europe pour leurs projets innovants en faveur des personnes âgées, dans le cadre de son partenariat d'innovation pour un vieillissement actif et en bonne santé, dont plusieurs dans la catégorie "observance des traitements médicamenteux" (lire notre sujet du 04/07/2013). L'observance : un enjeu stratégique

Observance, le terme est aujourd'hui en plein boom et les initiatives se multiplient, notamment en lien avec le développement de la télémédecine. Le Syntec numérique avait d'ailleurs inscrit dès 2011 dans son livre blanc Télémédecine 2020 une recommandation pour orienter l'effort d'investissement vers les projets à la plus forte valeur ajoutée médico-économique, dans laquelle elle estime que les programmes de télémédecine devraient prioritairement viser la prise en charge des maladies chroniques au travers de l’accompagnement du patient, de la télésurveillance et du suivi de l’observance. 
En outre, l'industrie pharmaceutique s'investit actuellement de plus en plus dans le domaine de l'observance thérapeutique car les enjeux sont multiples en termes financiers et stratégiques, mais aussi en termes d'image et de réputation. "Du fait de l'interruption des traitements et des phénomènes de substitution qu'elle est susceptible d'engendrer, la non-observance est à l'origine d'une perte de chiffre d'affaires pour un laboratoire. Elle est difficile à évaluer mais s'élève globalement à plusieurs dizaines de milliards d'euros pour l'ensemble du secteur", indique Yves Jarlaud, associé conseil et responsable du secteur santé chez Deloitte, dont les propos sont repris dans un dossier de presse diffusé mi-juin à l'occasion du 1er carrefour de l'observance. L'expert constate également "la conception et la commercialisation de solutions thérapeutiques complètes, qui vont du diagnostic au traitement en passant par l'éducation thérapeutique". 

Observance et éducation thérapeutique

Entre éducation thérapeutique et observance, définition et finalité sont proches. L'observance "exprime l'adhésion du patient à son traitement, c'est-à-dire la correspondance entre le ou les traitements prescrits par le corps médical et le comportement réel du patient dans sa vie quotidienne (...). La notion ne se limite pas à la juste prise de médicaments, elle intègre aussi le respect de règles hygiéno-dététiques comme l'alimentation, l'arrêt de tabac et l'activité physique ainsi que le suivi médical prescrit", explique la jeune société Observia, spécialisée dans la conception et le déploiement de programmes e-santé visant à améliorer l'observance des patients chroniques. L'éducation thérapeutique du patient vise, quant à elle, à aider les patients à acquérir ou maintenir les compétences dont ils ont besoin pour gérer au mieux leur vie avec une maladie chronique. 

Difficulté de parvenir à un patient expert

Quelques chiffres pour souligner l'enjeu, illustre l'entreprise Observia : en France, près de 10% des hospitalisations chez le sujet âgé seraient en rapport avec un défaut d'observance. Pire, environ 8 000 décès par an seraient dus à une mauvaise observance, soit un surcoût de 2 milliards d'euros pour l'assurance maladie. Dès lors, il apparaît logique que la Caisse nationale d'assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS), dans son rapport charges et produits 2014 (lire notre sujet du 09/07/2013), juge qu'un "premier levier pour promouvoir le "juste" recours au soin est de mieux informer les patients, d’éclairer leurs choix, de favoriser la prévention et d’améliorer la pertinence des interventions médicales". La loi du 4 mars 2002 sur le droit des usagers appelait déjà à la responsabilisation des patients, au respect de leur autonomie, à la prise en compte de leurs compétences et à la transparence de l'information. Mais les chiffres de l'observance (et de l'inobservance) marquent toute la difficulté de faire du patient un expert impliqué et responsable de sa santé et du système de soins.
Pia Hémery

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