mardi 18 juin 2013

La Chine adopte un plan national de lutte contre la pollution de l'air

LE MONDE | Par 
Le premier ministre Li Kequiang a présenté, vendredi 14 juin, un nouveau plan en dix points visant à endiguer la pollution de l'air.
Le premier ministre Li Kequiang a présenté, vendredi 14 juin, un nouveau plan en dix points visant à endiguer la pollution de l'air. | REUTERS/CHINA DAILY
Shanghai (Chine), correspondance. Le premier ministre Li Keqiang a présenté, vendredi 14 juin, un nouveau plan en dix points visant à endiguer la pollution de l'air. Ce plan promet de réduire les émissions de polluants majeurs des industries de 30 % par point de produit intérieur brut (PIB) à l'horizon 2017, de renforcer les pénalités imposées aux entreprises polluantes ou encore de ne plus approuver ni d'accorder de financements publics aux projets industriels qui ne respecteraient pas les standards officiels.
Alors que les grandes villes ont été plongées dans un épais brouillard de particules au cours des derniers mois, la multiplication des catastrophes environnementales largement dénoncées sur Internet fait de la pollution un sujet politique majeur en Chine. Lundi matin, Greenpeace Chine a rendu publique une étude affirmant que, en 2011, 9 900 personnes vivant dans la région de Pékin-Tianjin sont mortes prématurément en raison des particules fines (PM 2,5) rejetées par les centrales à charbon.

UNE CROISSANCE PLUS RAPIDE QUE PROPRE
Le gouvernement central s'engage cette fois-ci, mais sans donner de détails, à faire entrer des critères environnementaux dans l'évaluation des officiels locaux, alors que l'obsession du pays pour sa progression économique les incite à favoriser une croissance plus rapide que propre. Une étude publiée en février par cinq universitaires chinois, singapouriens et canadiens montre à partir de données portant sur les années 2000-2009, qu'un cadre de l'administration locale a de bonnes probabilités de promotion s'il soutient des investissements dans les transports. Il réduit à l'inverse ses chances s'il choisit d'augmenter les dépenses en faveur de l'environnement.
A la lecture du nouveau plan, les défenseurs de l'environnement ont cherché les éléments inédits. "La plupart des mesures ont déjà été évoquées par le passé, et le vrai défi est l'application", constate par téléphone Ma Jun, fondateur de l'Institut d'affaires publiques et environnementales. Toutefois, M. Ma pense que l'annonce a valeur d'avertissement sur les priorités du nouveau gouvernement, alors que "les officiels locaux sont sous forte pression" dans le contexte actuel de ralentissement économique.
BÉNÉFICE PERSONNEL
Pékin déclare par ailleurs vouloir procéder à "une mise à niveau globale des petites centrales au charbon et d'industries-clés, et accélérer la désulfuration et la dénitrification" dans ses centrales à charbon. Le très officiel China Daily rappelle qu'il s'agit là de la reprise, par le premier ministre, d'un engagement, annoncé en février au niveau ministériel, de faire passer progressivement aux standards internationaux six industries lourdement polluantes.
Nouveau, en revanche, est l'engagement de forcer les grandes entreprises les plus sales à rendre publiques les données sur leurs émissions. Selon M. Ma, le ministère de l'environnement travaille à un plan de publication régulière des émissions qui s'inspirerait du registre européen des rejets et transferts de polluants et de son équivalent américain. "Tous les grands pays industrialisés ont déjà imposé cette obligation , dit M. Ma, et, en Chine, impliquer le public est d'autant plus important que des officiels locaux font fréquemment obstruction pour leur bénéfice personnel".

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