dimanche 7 avril 2013

Viol, double peine

LE MONDE TELEVISION | 
En France, 75 000 femmes sont violées tous les ans, soit une toutes les huit minutes. Aussi accablants que soient ces chiffres officiels, ils ne recouvrent qu'une partie de la réalité puisqu'ils ne prennent en compte ni les victimes mineures, ni celles qui se réfugient dans le silence. Seule une femme sur dix porte plainte.
Parmi elles, Eve, Marion, Audrey, Clotilde et Lisa ont choisi de témoigner devant la caméra de Karine Dusfour pour briser ce terrible mur de silence qui protège les agresseurs et surtout libérer la parole d'autres victimes d'un crime qui demeure encore tabou. Pour s'en convaincre, il n'est qu'à écouter le long et douloureux parcours entrepris par ces cinq femmes pour être reconnues comme victimes. Notamment, lorsque - tabou parmi les tabous - le viol s'est commis dans le cadre conjugal.
SUSPICION
Au traumatisme initial, s'ajoute le sentiment d'être considérée "comme une pestiférée" (Eve) par leur proche et/ou des "victimes de seconde zone"(Lisa), reçue souvent avec suspicion par des policiers peu ou mal formés.
Gageons que Najat Vallaud-Belkacem, ministre des droits des femmes, invitée de Carole Gaessler dans "Le Monde en face", émission où est diffusé Viol, double peine, saura entendre ces voix auxquelles font écho celles du film d'Andrea Rawlins, Viol : elles se manifestent, programmé le 25 novembre sur France 2 (22 h25) lors de la Journée internationale des violences faites aux femmes. Pour l'occasion, France Télévisions a choisi de se mobiliser fortement sur son site avec la mise en ligne d'un webdocumentaire (Viol, les voix du silence) et d'un appel à témoignages.
Karine Dusfour - (France, 2012, 52 minutes). Diffusion lundi 19 novembre à 20h35 sur France 5.
Christine Rousseau


Viol, les voix du silence : la plate-forme Internet de témoignages
Il est ouvert depuis le lundi 19 novembre, et déjà plus de quarante témoignages ont été reçus. Le site conçu pour présenter le documentaire interactif accompagnant la diffusion mardi 20 novembre sur France 5 de "Viol, double peine" se veut bien plus qu'un outil interactif. Il est prévu et réalisé en partenariat avec le ministère des droits des femmes pour devenir "une véritable plateforme de service public qui permettra la libération de la parole grâce aux outils du web" comme le décrit Boris Razon, directeur du transmédia et nouvelles écritures à France télévisions.

Les cinq chapitres du documentaire interactif rassemblent les douloureuses étapes qu'ont endurées les victimes, du moins celles qui ont bien voulu témoigner à visage découvert, depuis l'agression jusqu'à la difficile reconstruction. Cette histoire collective, cette prise de parole est décisive et la plateforme installée par France Télévisions est à ce titre unique et exemplaire.

Prendre la parole devient vital, et tous les outils du Web sont disponibles pour laisser libre court au témoignage : texte, photo, son, vidéo, dessin, etc. sont accessibles dès la page d'accueil de la plateforme, de façon contrôlée pour éviter les dérapages : "Cet espace n'est ni un tribunal ni un café du commerce. C'est un lieu qui privilégie la pertinence et non le commentaire à chaud. En effet, l'expression est libre, mais elle est protégée. La mise en ligne n'est donc pas instantanée. Une équipe éditoriale est chargée de la lecture et de l'édition des témoignages sur le site afin de s'assurer du respect des règles essentielles de la protection de l'identité et de l'individu", peut-on lire dans les mises en garde du site. Et à terme, "il n'est pas inconcevable que nous transmettions les clés aux associations déjà habilitées à recueillir ces témoignages", selon Boris Razon.

Olivier Dumons

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