mardi 5 mars 2013

Hôpital : un collectif de médecins dénonce les conditions de travail

Le collectif tient à garder son anonymat. Derrière le nom « Docteurs Blouses », se cache un attelage d’une trentaine de médecins hospitaliers. Au départ, un noyau dur d’une dizaine d’entre eux, des Parisiens, communique régulièrement sur Internet.
Un deuxième cercle se forme, avec des correspondants en région. De débats en échanges, les praticiens s’aperçoivent qu’ils sont confrontés aux mêmes difficultés dans leur exercice quotidien de la médecine. Et l’idée naît d’un texte collectif pour raconter les travers de la vie à l’hôpital. Un sociologue,Nicolas Belorgey, a classé les arguments et mis en forme le récit.

Désarroi

Le site Rue 89 publie le texte (un dossier plus complet paraîtra en mai dans la revue du Mauss). En voici de larges extraits.
« Médecins hospitaliers depuis de nombreuses années, nous sommes rassemblés aujourd’hui pour dire notre désarroi et notre colère face à certaines pratiques inacceptables dans nos hôpitaux ».
« Nombre de difficultés sont liées à la restriction de moyens : "maltraitance institutionnelle organisée", écrivent nos collègues deGrenoble. »

Désintégration des équipes

« L’hôpital demande aux praticiens d’augmenter leur activité, d’ouvrir des lits à personnel constant, afin d’obtenir les moyens pour rénover des services. En service de rééducation, chaque patient n’a droit qu’à moins de quinze minutes de kinésithérapie par jour quand il en faudrait six fois plus. »
« La désintégration des équipes, la perte des relations humaines aggravent la désorganisation. Le brancardier n’est plus membre du service et là où les relations humaines directes permettaient de corriger ces erreurs, dorénavant le brancardier anonyme s’en tient à sa fiche de poste et le malade écopera du rendez-vous raté ou du dossier égaré. »
« Du ménage aux soins infirmiers en passant par le brancardage, lamutualisation entraîne des conséquences délétères pour les patients. »

Situation ingérable

« Les exemples abondent : perte de compétences en matière de prévention d’escarres, de pose et de surveillance des sondes urinaires, diminution de la qualité des soins d’hygiène élémentaires (toilette), multiplication des transports en ambulance réalisés de façon coûteuse et désorganisée, manque de temps pour la formation des nouvelles infirmières... »
« L’écart croissant entre la responsabilité du bon déroulement des soins et la disparition des moyens qui permettent de les mener à bien rend la situation ingérable pour les médecins. La logique de rationalisationmanagériale sous trop forte contrainte budgétaire, qui nous a écartés des décisions relatives à l’organisation des soins, nous empêche de soigner comme il le faudrait ».
« Le sentiment d’appartenance renforce la motivation au travail de l’ensemble des professionnels. Nous demandons que l’évaluation des services ne soit plus réduite à une enfilade de tableaux de bord, de chiffres d’activité et de recettes. »
› D. CH.
Abonnés 05/03/2013

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