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vendredi 16 novembre 2012
Le quinoa, une solution pour lutter contre la faim
Pour lutter contre la faim dans le monde, le président bolivien Evo Morales a mis en avant le quinoa. « Face à la crise alimentaire mondiale, les peuples andins disposent de plusieurs solutions et l’une d’elles est le quinoa », a-t-il déclaré à la tribune de la FAO, l’Organisation des Nations Unies pour l’Agriculture et l’Alimentation, dont le siège est à Rome. « Nous voulons populariser son utilisation en raison de ses qualités nutritionnelles », a expliqué José Graziano da Silva, le directeur général de la FAO.
Evo Morales a été désigné lundi « ambassadeur spécial » de l’Organisation pour promouvoir le quinoa, présenté comme un « super aliment ». La FAO a lancé un programme de trois ans pour encourager son utilisation. Cette plante originaire des hauts plateaux de la Cordillère des Andes est considérée par les scientifiques comme l’un des aliments les plus sains et complets, et capable de remplacer avantageusement le riz, les pâtes ou la semoule. Le quinoa est une pseudo-céréale qui ne fait pas partie de la famille des graminées, mais de celle de la betterave et des épinards, les Chénopodiacées. Elle est digeste, sans gluten, pauvre en lipides, riche en fer, en Oméga-3 et en protéines. Ses qualités nutritives ont été découvertes dans les années 1970 en Occident, où le quinoa est généralement vendu dans des magasins bios ou de commerce équitable.
Les Nations Unies ont déclaré 2013 « Année internationale du quinoa », en hommage au fait que les populations andines ont su préserver cet aliment cultivé depuis 7 000 ans et qui était à la base de l’alimentation de civilisations anciennes comme celle des Incas. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) l’a qualifié de « graine d’or » et ses défenseurs en ont fait un symbole des produits biologiques car ses méthodes de production sont jugées respectueuses de l’environnement. « Il est aussi considéré comme l’aliment idéal pour les astronautes », a déclaré Evo Morales, d’origine indigène, qui fut dans son enfance un petit cultivateur de quinoa.
› C. R.
Les hommes qui fument connaissent un déclin mental plus rapide
LEMONDE.FR avec AFP | 06.02.12
Vous cherchez une bonne raison d'arrêter de fumer ? En voici une : selon uneétude britannique publiée lundi 6 février dans la revue américaine Archives of General Psychiatry, les hommes qui fument connaissent un déclin mental plus rapide que les non-fumeurs en vieillissant. Pour des raisons encore mystérieuses, ce phénomène n'a pas été observé chez les femmes.
L'étude révèle que la consommation de tabac se traduit à long terme par des pertes de mémoire et du mal à utiliser des connaissances passées pour agir au moment présent. "Notre étude montre un lien entre le fait de fumer et (la détérioration) des capacités intellectuelles surtout à des âges avancés", souligne Severine Sabia de l'University College London (Grande-Bretagne), principal auteur de cette communication. Selon elle, "ce lien est sous-estimé, ce qui présente un risque plus élevé de mortalité parmi les fumeurs vieillissants".
Les raisons de la différence entre les deux sexes ne sont pas très claires, relèvent les auteurs de cette recherche, avançant comme facteurs parmi d'autres le fait que les hommes fument souvent davantage et que leurs travaux ont porté sur deux fois moins de femmes. Cette recherche a été menée sur des fonctionnaires britanniques, 5 099 hommes et 2 137 femmes. L'âge médian des participants au moment de la première évaluation des capacités mentales était 56 ans, avec une période de suivi de vingt-cinq ans.
Ces chercheurs ont examiné le lien entre le nombre d'années de tabagisme et le déclin mental dans la période de transition chez des personnes d'âge moyen jusqu'à la vieillesse. Ils ont analysé les données en utilisant six critères pourdéterminer le degré de tabagisme sur vingt-cinq ans et trois mesures des capacités mentales pendant plus de dix ans.
UN "VIEILLISSEMENT PRÉMATURÉ" DE DIX ANS
Ils sont parvenus à quatre conclusions-clés, dont le fait que les fumeurs masculins connaissent un déclin de leurs capacités mentales plus rapide que les non-fumeurs. Ceux qui ont continué à fumer durant la période de suivi ont eu de mauvais résultats à tous les tests.
De plus, les hommes ayant cessé de fumer dans les dix ans précédant les premiers tests courraient eux aussi un risque plus élevé de déclin mental, surtout dans diverses fonctions complexes nécessaires pour parvenir à un but. Les anciens fumeurs ayant renoncé à la cigarette depuis plus longtemps n'ont pas montré de recul aussi net de leurs capacités mentales dans les tests, précisent les auteurs de l'étude.
"Cette étude montre que le tabac est mauvais pour le cerveau", a commenté le Dr Marc Gordon, chef du service de neurologie à l'hôpital Zucker Hillside Hospital (Etat de New York), qui n'a pas participé à cette recherche. "Le tabagisme à un âge moyen est un risque évitable qui correspond grosso modo à un vieillissement (prématuré) de dix ans sur l'échelle du déclin intellectuel", selon lui.
Cette étude met en lumière un facteur de risque de plus pour la démence dans une population vieillissante. Le nombre de cas de démence était estimé à 36 millions en 2010 et continue à fortement augmenter, avec un doublement attendu tous les vingt ans, soulignent les auteurs de l'étude.
Le système immunitaire ciblé pour traiter la dépression
Pour certains chercheurs, la réponse inflammatoire serait le produit d’une inflammation du système nerveux central, ce qui impliquerait le système immunitaire. Une équipe a testé cette hypothèse en évaluant l’IL6), une interleukine de l’inflammation libérée par les leucocytes, dont le taux périphérique est élevé chez les personnes souffrant d’une dépression résistante au traitement.
Les chercheurs ont greffé de la moelle hématopoïétique de souris déprimées chez des souris saines. Ils observent qu’après un stress léger, ces souris présentent des signes de dépression. Ils trouvent aussi que les souris qui ont des taux élevés d’IL6 provoqués par injection de toxine, ont des signes de dépression plus sévère en réponse au stress.
« C’est la première fois que le rôle du système immunitaire est mis en évidence dans la dépression sur un modèle animal », indique l’auteur principal, Georgia Hodes (Mount Sinaï Hospital). Un traitement ciblant les cytokines présenterait-il un intérêt dans la dépression ? La question va être étudiée.
› Dr BÉ. V.
Présentation à la conférence « Neuroscience 2012 », la Nouvelle Orleans.
lequotidiendumedecin.fr 15/10/2012
SimCity, un outil de
modélisation urbaine ?
Des jeux comme SimCity peuvent-ils nous aider à comprendre la croissance des cités ? C’est la question que se pose le mathématicien Samuel Arbesman. Il explique son point de vue dans le blog qu’il tient pour Wired, ainsi que dans un article paru dans Atlantic Cities.
L’hôpital public est actuellement au cœur des grandes réformes du système de santé qui auront un impact majeur sur les organisations et les modes de prise en charge….
Au-delà de ces réformes qui se succèdent, les établissements de santé sont aussi confrontés à des évolutions constantes : accélération de l’innovation technologique, évolution des besoins de soins, évolution sociétale des attentes (place de l’usager de plus en plus prégnante et légitime, condition d’hébergement), renforcement du principe de précaution…. L’hôpital doit s’adapter de manière continue. Au sein de l’organisation hospitalière, les professions et métiers sont impactés par les mutations.
Les rapports ministériels
De nombreux rapports ministériels se sont intéressés aux professions de santé tant au niveau de la formation initiale, continue que supérieure. Les prises de positions, les réflexions sont diverses et parfois paradoxales, allant d’un souci réel de reconnaissance à une vision très étriquée des champs ou domaines d’interventions, de décisions et de responsabilités concernant les différentes filières soignantes et en particulier infirmière. La mise en œuvre en France du système LMD (Accords de Bologne) concernant les professions de santé est souvent l’occasion de figer les professions soignantes dans des représentations archaïques. Le rapport IGAS sur la formation des cadres de santé confirme cette vision. Quand nous prenons lecture de ce rapport, nous constatons que l’on nous propose un niveau M1, sous le prétexte que les cadres supérieurs devraient obtenir un M2 pour accéder au grade de cadre de pôle. La poursuite du M et D reste toujours critique.
L’éditorialiste du British Journal of Psychiatry attire notre attention sur un thème encore relativement méconnu, mais auquel certains travaux sont désormais consacrés : l’auto-immunité en psychiatrie.
Invoqué depuis une centaine d’années, ce concept traduit « l’échec d’un organisme à reconnaître ses constituants » avec, pour conséquence, « un ensemble de réactions immunitaires contre ses propres cellules et tissus. »
Vu la fréquence des affections auto-immunes dans d’autres disciplines médicales (l’Association américaine sur les maladies auto-immunes en recense plus de 150, et estime qu’elles touchent environ 3 % de la population), il est donc concevable que la psychiatrie soit également concernée par ce dysfonctionnement immunitaire, d’autant plus que des troubles neurologiques (notamment certaines scléroses en plaques ou encéphalites) peuvent avoir une dimension auto-immune avérée.
On peut noter au passage la portée particulière de cette « défaillance de la reconnaissance de soi » en psychiatrie, puisqu’elle évoque immédiatement une thématique psychotique, même si les deux phénomènes (méconnaissance de soi à l’échelle biologique et au niveau psychologique) semblent sans rapport direct, malgré l’essor des recherches explorant l’hypothèse auto-immune dans la schizophrénie.
La prise en charge de la douleur, physique et pas seulement psychique, investit progressivement le champ de la santé mentale. À l'hôpital Gourmelen, à Quimper, des professionnels s'ingénient à faire évoluer les pratiques.
«La plupart des douleurs sont simples et facilement curables. Seulement, dès que ça devient complexe, le patient s'engage dans un parcours du combattant difficile», note le médecin généraliste William Fromentin, qui travaille en gériatrie. Or «nous sommes en retard, dans la prise en charge de la douleur en santé mentale. Parmi nos collègues, certains continuent d'effectuer ce clivage entre douleur physique et psychique. Nous souhaitons faire reconnaître que la douleur est la douleur d'un sujet dans son entier, il n'y a pas à morceler les choses», insiste la psychiatre Annie Bléas. C'est dans ce sens, d'un repérage et d'un traitement pluridisciplinaire de la douleur, que travaille le comité de lutte contre la douleur (Clud) créé à l'établissement de santé mentale Étienne-Gourmelen il y a seulement deux ans. Il est en relation avec d'autres Clud d'hôpitaux et cliniques du secteur et une unité spécialisée du centre hospitalier de Cornouaille. Ses acteurs ambitionnent de continuer à former et informer les soignants, de mettre en place un référent douleur dans chaque service de l'hôpital afin d'harmoniser leurs pratiques. Ils vont aussi s'impliquer dans la création d'un comité régional dédié à l'appréhension de la douleur enpsychiatrie.
Cette irrationalité inhérente à l'esprit humain, dont nous avons déjà présenté plusieurs aspects dans nos colonnes, d'où vient-elle ? Si la raison a été réellement développée pour nous permettre de résoudre des problèmes complexes, elle aurait dû se montrer plus efficace. C'est le lièvre que soulève un article du New Scientist(réservé aux abonnés, mais ses sources sont disponibles en ligne). La réponse la plus évidente est que la raison n'a pas pour but de trouver des solutions.
Le raisonnement sert-il d'abord à convaincre ?
Fondamentalement, nous explique-t-on, l'homme est un animal social dont l'intelligence a évolué au sein d'un groupe. Nos fonctions mentales les plus évoluées, comme le langage, ne sont peut-être pas apparues pour gérer directement les difficultés matérielles de l'environnement, mais plutôt comme moyen de faciliter la communication à l'intérieur de la tribu. Lorsqu'on examine une faculté comme le raisonnement, il faut donc replacer celle-ci dans le contexte social où elle s'est développée. Son but, nous explique le New Scientist, ne serait pas de trouver des solutions, mais de convaincre nos partenaires de la force de nos propositions en argumentant. Cette théorie du "cerveau machiavélique" a été émise par Dan Sperber et Hugo Mercier dans un article " Why do humans reason ? Arguments for an argumentative theory (.pdf)" (on notera l’ironie du titre ! : "Pourquoi les humains raisonnent ? Arguments pour une théorie argumentative" - que nous avions déjà évoqués dans La théorie argumentative : le rôle social de l'argumentation). Hugo Mercier travaille à l'université de Neuchâtel.
E-santéUne loi est nécessaire pour permettre le secret partagé d'informations, selon l'ASIP Santé
Thérapie comportementale contre Tourette
Publié le 08/10/2012
Dans le syndrome de Gilles de la Tourette, les tics commencent dans l’enfance, puis culminent à l’adolescence pour décliner généralement à l’âge adulte. Cependant, même des patients adultes continuent à éprouver des tics. Si les traitements psychotropes proposés sont souvent efficaces, ils peuvent susciter des effets indésirables, et des thérapies comportementales constituent des alternatives intéressantes, bien qu’elles ne semblent jamais avoir été évaluées chez l’adulte, dans des essais contrôlés sur une large échelle.
Formation continue des infirmières libérales : des incertitudes face à la réforme
La refonte du système de formation continue conventionnelle des infirmières libérales, qui prendra effet dès le 1er janvier 2013, pourrait rapidement susciter de vifs émois dans la communauté. Avec une perte des indemnités journalières lors des sessions de formation et une obligation de se former tout au long de la vie, professionnels et syndicats expriment d’ores et déjà leurs inquiétudes.
Grand format | 192 pages. | Paru le : 14-03-2012 | Prix : 15.00 €
Avec le développement des techniques de réanimation et des greffes d'organes, la médecine propose, à la fin des années 1960, une nouvelle définition de la mort fondée sur la perte complète et irréversible des fonctions du cerveau. Les critères de la mort ne sont plus destinés à éviter d'enterrer une personne vivante, cauchemar récurrent du passé ; pour permettre le prélèvement d'organes vivants, ils visent au contraire à anticiper la déclaration de la mort.
PUBLIÉ LE 12/04/2012 | DOSSIER RÉALISÉ PAR BÉATRICE DILLIES
santé mentale
Vendredi 2 mars 2012, à 7 heures. Un Gersois tue son frère avec un fusil de chasse avant de retourner l'arme contre lui. L'homme était suivi en psychiatrie. « Mais dès qu'il sortait de l'hôpital, il arrêtait son traitement pensant que les médicaments allaient le tuer. Et 4-5 mois après, il replongeait ; ça faisait trois semaines qu'il allait vraiment très mal », confie un voisin. Deux semaines avant à Auch, une jeune femme menace de sauter par la fenêtre. Un mois plus tôt, c'est son psychiatre qui a arrêté son traitement, considérant qu'elle allait mieux. Peu importe le coup du sort qu'il l'a faite replonger. Elle n'avait peut-être plus de béquille médicamenteuse, mais son appel à l'aide a été entendu. Ces deux événements interrogent sur le nécessaire suivi des personnes victimes de troubles psychiques dans un département où les moyens ne cessent de baisser. L'an dernier, 5 739 Gersois ont eu recours aux services du CHS ou de la clinique d'Embats à Auch. On peut imaginer qu'ils sont aussi plusieurs centaines à suivre une psychothérapie dans l'antre feutré d'un des rares cabinets en ville qui subsistent dans le Gers. Certains pour un état dépressif passager, d'autres pour des troubles psychiques plus graves. Risquent-ils tous le pire pour un arrêt de traitement mal contrôlé ? Pas forcément.
Les médecins le savent, tout le monde est susceptible de « péter les plombs » un jour, même les personnes qui n'ont jamais pris le moindre médicament. Quant au traitement, même bien suivi, il n'est pas une garantie absolue contre la rechute… à l'instar des traitements contre le cancer ou contre toute autre pathologie lourde. « Dans un contexte particulier, on peut passer à l'acte même sous médicaments, indique le docteur Le Quang, psychiatre à Auch. Le médicament, c'est une digue. Mais quand le tsunami est trop fort, ça peut passer par-dessus ! » Raison de plus pour comprendre comment travaillent les spécialistes de la santé mentale dans le Gers. État des lieux.
Les médicaments : stop ou encore
Dr Christine Barla, pharmacienne
Bénéfices thérapeutiques et effets indésirables : « En 2012, on ne guérit pas les troubles psychotiques, on agit simplement sur les symptômes
Jenna Wortham (@jennydeluxe) pour le New York Times a commis un de ces papiers faciles sur les vertus de la déconnexion à l'heure d'un monde toujours plus connecté. Alors qu'elle se rendait à la piscine, elle a été invitée à déposer son téléphone et a pu profiter pleinement de sa journée, sans avoir à consulter avec anxiété ses comptes Facebook et Twitter pour regarder ce que ses amis faisaient. La peur de manquer quelque chose (Fomo, pour Fear of Missing Out) que décrivait Caterina Fake, cofondatrice de Flickr, s'évaporait quelques instants. Notre connexion permanente aux médias sociaux nous rend plus attentifs à ce que l'on rate et vous donne le faux sentiment de participer à ce que font les autres par leur intermédiaire, estime Caterina. Mais ce n'est pas une peur, c'est un plaisir, lui répondait l'entrepreneur Anil Dash en évoquant la joie de manquer quelque chose (Jomo pour Joy of Missing Out).
Scripted reality : aussi vrai que nature
LE MONDE TELEVISION |
C'est fou tout ce qui peut se passer dans une vie ! En tout cas, l'existence de M. et Mme Tout-le-monde - déjà largement évoquée dans les reportages et les émissions de plateau - semble constituer un vivier inépuisable pour la télévision, puisqu'elle a inspiré un nouveau genre, qui déferle depuis quelque temps sur les chaînes : la "scripted reality"(le "réel scénarisé"). Son concept ? Prendre des faits divers et des histoires réels et les faire jouer par des comédiens. Résultat : de petites fictions à l'allure de reportages. De fait, on s'y croirait. Normal. Tout est conçu pour cela.
Exemple. Pierre (un comédien, donc : Emmanuel Hussenot), pris en plan fixe, nous raconte que, médecin en ville, il avait décidé de changer d'environnement et de venir exercer dans le village de ses grands-parents. L'exposition faite, les images prennent le relais. Pierre est alors dans sa voiture, sur une petite route de campagne. Il renverse une adolescente à vélo qui, éjectée, se retrouve dans le fossé, évanouie. Au moment où Pierre se penche sur elle pour lui apporter de l'aide, la jeune fille se réveille, se met à hurler à la vue de cet homme, persuadée qu'elle a affaire à un violeur, elle se relève, s'enfuit. Pierre, éberlué, ramasse le vélo et le range dans le coffre de sa voiture...
Pour son héros mutique dont la cervelle bat la chamade, le psychiatre António Lobo Antunes crée un langage à sa démesure. Disloqué, poétique, vivifiant.
Comment parler de ce livre qui se dérobe et se cabre à chaque mot ? En se cramponnant à ces lignes, à ces mots, comme à des bouées de sauvetage, pour affronter la tempête qui gronde sous le crâne de... Mais quel est donc son nom ? Le garçon ne réagit pas assez au « Jaime » qu'on lui assène de temps à autre, pour que son identité soit certaine, et les hommes ont tellement pris l'habitude de trousser les petites femmes de la ferme, que son géniteur n'est qu'un point d'interrogation. Certains l'appellent « l'autiste », et la deuxième partie du livre l'envoie à l'asile. A ses yeux, le dépaysement est mineur. Il y a longtemps qu'il se prend pour le corbeau dont il a lui-même coupé les ailes, alors la camisole, vous pensez...
Il y a quelques années, ma vie a basculé. Un matin dans le métro en allant au travail, un travail que j’abhorrais, avec des gens que je méprisais, un travail qui m’a enlevé jusqu’à ma propre identité (on m’appelait Julie là-bas), j’ai fait ma première crise d’angoisse. Mon coeur s’est emballé. Mes jambes se sont mises à trembler. Ma vue s’est brouillée. Mon corps s’est déchiré… Tant qu’on ne l’a pas vécu, on peut pas s’imaginer la douleur que l’on peut ressentir dans un moment pareil. Une douleur écrasante et impalpable qui s’en va comme elle est venue, pour vous laisser vide, presque mort. Ce fût une, puis deux, puis des crises d’angoisse, qui ont fini par prendre le contrôle de ma vie. Je vivais dans la peur. Peur que ça recommence, n’importe où, dans le métro, dans la rue, au restaurant. N’importe où. Je vivais avec cette épée de Damoclés. Je marchais le regard fixé sur mes pieds, courbée par le stress. Et puis un jour, ce fût la crise d’angoisse de trop. Alors, j’ai tout plaqué. Mon travail, mais surtout ma vie. Je me suis enfermée chez moi pendant des mois. Je ne sortais plus. Je ne vivais plus.
Et puis, il a bien fallu repartir. Quand les forces sont revenues, un peu. J’ai retrouvé un travail, dans un secteur qui me plaisait mais surtout dans une entreprise où on ne vous transforme pas en robot, où l’humain compte. Les crises d’angoisse n’ont pas disparu, mais j’essayais de me battre contre elles, jour après jour. J’ai tergiversé, longtemps. J’ai cru que j’y arriverais toute seule. Mais un jour, il a bien fallu me rendre à l’évidence, oui j’avais besoin d’aide. Alors, j’ai repris mon courage à 2 mains et j’ai pris rendez-vous chez un Psychologue. Pour essayer de comprendre. Et pour aller mieux, tout simplement.
En octobre 2012, j’entamerai ma 3ème année de Psychotérapie (avec ma 3ème Psy). Désormais, ces séances hebdomadaires rythment mon quotidien. Elles font partie de ma vie. Quand j’y pense, c’est finalement assez étrange d’aller s’asseoir devant quelqu’un pour lui raconter sa vie, ses souvenirs, ses rêves, son intimité. Mais quand on a commencé, on a finalement du mal à se dire que l’on pourra arrêter un jour. Au tout début, mon esprit ressemblait à un enchevêtrement de fils. Alors, j’ai tiré un premier fil, puis un deuxième, j’ai commencé à démmêler ce tout qu’était ma vie, pour finalement commencer à comprendre. Comprendre déjà, que cette crise d’angoisse, la toute première, était le moyen qu’avait trouvé mon inconscient de me dire stop. Après des années à refouler mes sentiments, mes angoisses, mes colères, ma carapace s’est finalement brisée. Aujourd’hui, je vais mieux. Les crises d’angoisse sont toujours là, mais beaucoup moins présentes. Elles ne dirigent, en tout cas, plus ma vie. Je continue ce travail personnel pour que les répétitions inconscientes s’arrêtent et pour que mes enfants n’aient pas à (trop) porter le poids de mes angoisses.
Je ne sais pas trop pourquoi, j’ai écrit ce texte aujourd’hui. Sûrement parce que j’ai arrêté d’avoir honte d’aller mal parfois, et d’avoir besoin d’aide. Peut-être parce que j’ai voulu faire le point sur ce parcours difficile, mais tellement bénéfique, que j’ai entamé. Et puis rassurer les gens qui pourraient se poser la question. Non, aller voir un Psy ne signifie pas qu’on est fou, juste qu’on a envie d’être mieux avec soi-même.
jeudi 15 novembre 2012
metro
Créé 14-11-2012 12:13
La psychiatre, Danielle Canarelli, avec son avocat avant l'ouverture du procès. Photo : Sipa
Marseille : un an de prison avec sursis requis contre la psychiatre
Le procureur du tribunal correctionnel de Marseille a requis mardi soir un an de prison avec sursis à l’encontre de la psychiatre marseillaise jugée pour homicide involontaire.
A Marseille, une psychiatre sur le banc des prévenus
LE MONDE |
Pousser la porte d'un univers qu'elle connaît mal et qui a une fâcheuse tendance à lui dénier le droit d'entrer est un défi auquel la justice est souvent confrontée. Mardi 13 novembre, à l'ouverture du procès de Danièle Canarelli, une psychiatre poursuivie pour homicide involontaire après un assassinat commis par l'un de ses patients atteint de schizophrénie, le président du tribunal correctionnel de Marseille, Fabrice Castoldi, a réservé ses premiers mots au public de professionnels venus manifester bruyamment leur soutien à leur collègue : "On peut comprendre l'émotion légitime d'une profession. Mais on ne juge pas ici la psychiatrie, ni les psychiatres. Il s'agit pour nous de savoir si, dans une situation concrète, une faute caractérisée a été commise." Rappelant le "cadre juridique très particulier" de l'article121-3 du code pénal issu de la loi Fauchon du 10 juillet 2000 sur les délits non intentionnels susceptibles d'être reprochés aux décideurs publics, le président a ajouté : "Il ne peut exister d'impunité, la société ne l'accepte pas."
C'est d'abord à l'opiniâtreté de l'un des fils de la victime que l'on doit ce procès. En janvier 2005, l'instruction ouverte sur l'assassinat de Germain Trabuc à coups de hachette par Joël Gaillard se conclut par un non-lieu, l'auteur des faits étant déclaré irresponsable pénalement en raison de ses troubles psychiatriques. Michel Trabuc engage alors une action devant la juridiction administrative contre l'Etat et contre l'hôpital – il obtiendra la condamnation de l'établissement pour défaut de surveillance – et dépose parallèlement une plainte avec constitution de partie civile contre toutes les personnes physiques ou morales qui ont pu faire preuve de négligence dans le suivi de Joël Gaillard.
Une nouvelle instruction est ouverte qui entraîne le renvoi devant le tribunal du docteur Canarelli, le juge considérant que, par ses manquements aux obligations particulières de prudence et de sécurité, celle-ci porte une responsabilité pénale indirecte dans l'assassinat de Germain Trabuc. Le magistrat s'appuie notamment sur l'expertise confiée à l'expert psychiatre Jean-Claude Archambault, qui constitue un terrible réquisitoire contre sa collègue Danièle Canarelli.
Le rappel à l'audience des nombreuses alertes sur le comportement de Joël Gaillard a en effet de quoi donner le frisson. Pendant les quatre années – de 2000 à 2004 – où il est suivi au centre Edouard-Toulouse, il alterne séjours à l'hôpital psychiatrique et en prison pour agressions à l'arme blanche, incendie volontaire et tentative d'assassinat – qui se conclut elle aussi sur un non-lieu pour abolition du discernement. A chaque fois, les psychiatres qui l'examinent dans le cadre des enquêtes concluent à une schizophrénie "avec dangerosité établie" et"escalade dans les passages à l'acte" et alertent sur les risques que font courir ses interruptions répétées de traitement.
"UN PATIENT PLUS COMPLIQUÉ QUE LES AUTRES"
Le docteur Canarelli se refuse pourtant à poser ce diagnostic. Elle lève régulièrement les mesures d'hospitalisation d'office et lui accorde des permissions de sortie. Au président qui lui demande pourquoi elle n'a pas suivi les recommandations de ses confrères sur la nécessité de soumettre Joël Gaillard à un cadre psychiatrique plus contraignant, elle répond: "On ne peut pas toujours être dans la coercition.""Mais comment soigner un patient qui n'est pas consentant autrement que par la coercition?", intervient le président. "J'étais dans une relation de confiance avec lui. Il venait à tous les rendez-vous, ce qui est rare, et il n'y avait aucun incident de comportement pendant les hospitalisations. Le consentement du patient est essentiel si l'on veut engager une relation thérapeutique dans la durée."
Fabrice Castoldi plonge dans le dossier, en extrait un bout du rapport du docteur Archambault: "Au fil des années, le docteur Canarelli n'a pas tenu compte des avis des différents psychiatres et experts qui avaient formulé un diagnostic particulièrement clair. Il y a eu en quelque sorte un enfermement dans le déni, le déni de Joël Gaillard ayant entraîné un déni de l'équipe soignante." Elle répond: "C'était un patient plus compliqué que les autres. J'étais confrontée à une énigme. J'étais convaincue qu'il présentait une pathologie psychotique mais j'étais embarrassée par l'absence de symptômes."
Le président lui demande alors, abruptement: "Mais pourquoi n'avez-vous pas passé la main?
– Ce n'est pas si facile que ça de passer un patient à une autre équipe."
Pour Danièle Canarelli, la principale difficulté est à venir. En février2004, de nouveaux clignotants s'allument. La sœur de Joël Gaillard prévient le médecin que son frère est très agressif et qu'il profère des menaces de mort. Au même moment, le patient ne se présente pas à un rendez-vous avec sa psychiatre car il s'est blessé à la main et doit subir une opération. Les conditions de la blessure – une coupure grave, à la suite d'une altercation à l'arme blanche – inquiètent le docteur Canarelli qui demande son transfert dans son service psychiatrique après l'opération. Lorsqu'il se présente quelques jours plus tard devant elle, elle lui annonce qu'elle va le réhospitaliser. L'entretien tourne court, Joël Gaillard se lève brutalement et quitte le pavillon où la médecin, qui est seule avec un infirmier, ne peut pas le retenir. "Nous n'avons pas tenté. Il était mal et aurait pu nous faire mal. Nous n'avons pas eu le temps de prévenir les renforts.
– Mais vous n'aviez pas imaginé l'hypothèse d'une fugue?
– Non, il était calme."
Elle attend trois heures pour signaler sa fuite à la police. "Mais ça veut dire qu'un patient part dans la cité alors que vous nous dites qu'il était mal et qu'il pouvait faire mal...", observe le président.
On sent que ses questions font monter l'indignation dans le public de professionnels massé au fond de la salle d'audience. "Il faudrait que les juges viennent faire un stage dans les hôpitaux psychiatriques", murmure une femme à sa voisine. Trois semaines plus tard, Joël Gaillard se présente devant le domicile de sa grand-mère et frappe à mort la tête de son compagnon, Germain Trabuc.
"Cette affaire, c'est la chronique d'une mort annoncée, relève MeGérard Chemla, avocat du fils de la victime. On ne peut pas se laisser enfermer dans un raisonnement absurde selon lequel la justice n'a aucune compétence pour juger les malades mentaux et qu'il faut les remettre à l'institution psychiatrique. Une poursuite comme celle-ci est saine. Il y a un moment où la défense sociale doit passer avant le patient", conclut-il. Le procureur a requis un an de prison avec sursis contre Danièle Canarelli. Jugement le 18 décembre.