vendredi 16 novembre 2012

Pas « has-been », la bouffée délirante !
Publié le 23/07/2012
Si le DSM[1] a bouleversé de fond en comble l’héritage nosographique des aliénistes européens (enrichi surtout par les contributions des psychiatres Français et Allemands), certains diagnostics « classiques » de nos devanciers retrouvent parfois les faveurs de nos contemporains qui voient en somme, dans ces notions éprouvées, le même intérêt que les agronomes pour des légumes oubliés : une force de la tradition, pour contrecarrer l’étiolement possible de la modernité.
C’est le cas de la bouffée délirante (en français dans le texte !) présentée par deux psychiatres exerçant en Australie comme un « concept nosologique français » se rapportant à un type de « psychose aiguë non affective au pronostic particulièrement favorable. » Les auteurs déplorent qu’« en dehors de la littérature francophone », on ne dispose guère d’informations sur cette pathologie désormais méconnue, mais qu’ils souhaitent donc faire (re)découvrir à leurs lecteurs de l’hémisphère austral.
 Malgré la variabilité des critères selon les époques et les nosographies, ce type de « psychose aiguë non affective et de pronostic favorable » est depuis longtemps tenue pour une réalité clinique, bien qu’une « part importante des cas » ne semble pas être « utilement reconnue » en recourant aux deux seuls systèmes de classification les plus courants, à savoir le DSM-4[1] et la CIM-10[2]. Des recherches approfondies sont nécessaires, estiment les auteurs, pour « élucider la validité » du concept de bouffée délirante, en particulier en termes de frontières et de rapports avec d’autres troubles nosographiques, comme la schizophrénie et les troubles apparentés (schizophrenia spectrum disor¬ders).
Il est surtout réconfortant de constater que l’œuvre classique des aliénistes français conserve encore des zélateurs dans la langue de Shakespeare, et jusque sous les latitudes australes…


Dr Alain Cohen

Rich M et Sujeeve S: Bouffée délirante and contemporary psychiatric nosology. Aust N Zealand J Psychiatry, 2012 ; 46 : 482–483. 

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