mardi 18 décembre 2012

Hôpitaux franciliens : une fin d’année sous tension

En décembre, se décide l’octroi d’enveloppes exceptionnelles pour les hôpitaux endettés ou déficitaires. Le centre hospitalier intercommunal de Montreuil (Seine-Saint-Denis) vient ainsi de décrocher 4 millions d’euros.« Le climat de travail s’est apaisé, la situation du service d’anesthésie est stabilisée, et l’accueil des urgences pendant la première partie de nuit a repris depuis le 3 décembre », se félicite la maire Dominique Voynet (EELV).
Crise oblige, les rallonges se raréfient : les 13 millions accordés au CHU de Caen font figure d’exception. En Ile-de-France, la tension monte d’un cran au sein des établissements en souffrance. Certaines restructurations cristallisent le mécontentement. Dimanche 16 décembre, plusieurs centaines de manifestants ont battu le pavé humide de Nanterre (Hauts-de-Seine) pour contester la transformation de l’hôpital Max-Fourestier en structure de long séjour (gériatrie, psychiatrie, soins de suite). Le transfert de la chirurgie, des urgences et de la réanimation vers l’hôpital Louis-Mourier (AP-HP), poussé par l’ARS,« signifierait un grave retour en arrière pour cet établissement unique en France, (...) qui tente de faire cohabiter (...) un hôpital de 274 lits et un pôle médico-social assurant près de 900 places d’hébergement pour les populations les plus défavorisées de l’Ile-de-France », estime Patrick Jarry, maire de Nanterre (apparenté PCF). Près de 300 emplois sont impactés par le projet.

AP-HP : les cadres défileront au ministère le 18 décembre

À l’AP-HP, le climat social reste extrêmement tendu. Le transfert de l’activité ORL de l’hôpital Beaujon vers la Pitié-Salpêtrière, annoncé tout récemment, risque d’entraîner « la chute abyssale de l’hôpital Beaujon », s’alarme SUD santé. « L’ego du chef de service s’impose aux dépens des patients et du personnel paramédical, car non seulement il part, mais il emmène la totalité de son activité », tempête le syndicat, qui ne comprend pas que 100 millions d’euros de travaux aient été annoncés à Beaujon alors que le départ de l’ORL, centre référent, menace l’avenir même de l’hôpital.
L’union syndicale CGT de l’AP-HP ferraille de son côté contre la dégradation des conditions de travail des cadres hospitaliers. Le DRH de l’AP-HP vient de rencontrer 400 d’entre eux. Dialogue de sourds : étaient demandés le respect du temps de travail, l’arrêt des suppressions de postes, le recrutement de cadres titulaires dans les services, l’arrêt du management « directif, entrepreneurial et répressif »« Les cadres veulent participer aux prises de décision et ne plus subir les injonctions basées sur productivité, rentabilité, activité à tout prix... À ces revendications, la direction générale n’a répondu que par équilibre budgétaire, contraintes économiques et réglementations », déplore la CGT. Les cadres de l’AP-HP en appellent directement à Marisol Touraine ; ils se rassembleront demain mardi devant le ministère de la Santé.

Patients étrangers et fortunés : le débat n’est pas clos

Autre dossier sensible : après-demain mercredi se réunira un groupe de travail chargé d’étudier la possibilité, pour l’AP-HP, d’accueillir de riches patients étrangers. Le projet institutionnel avait créé un clash cet été entre la direction générale et le président de la CME. Le voici remis au goût du jour, en coordination cette fois avec un petit groupe de médecins. Le sujet est potentiellement explosif : comment créer une filière rémunératrice tout en respectant l’égalité dans l’accès aux soins ? Faut-il ouvrir la filière étrangère aux 37 hôpitaux du CHU francilien, ou à seulement deux ou trois d’entre eux, étant entendu que les familles de ces patients VIP voudront sans doute loger dans les beaux quartiers ? À ce jour, rien n’est arbitré. La CME de l’AP-HP examinera la question en février ou mars prochain.
› DELPHINE CHARDON
lequotidiendumedecin.fr 17/12/2012

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