mercredi 7 novembre 2012


Les infirmières, héroïnes de jeux vidéo


DR

Le premier « serious game » infirmier, dédié à la transfusion sanguine, a été présenté mi-octobre au Pôle images Nord-Pas-de-Calais. Il inaugure une nouvelle voie pour la formation continue des soignantes.


Florence pourrait se positionner entre Virginia Henderson et Lara Croft : à la croisée des soins infirmiers et du jeu vidéo. L’objectif de ce premier « serious game » dédié aux infirmières est de développer leur savoir-faire et leur savoir-être dans trois domaines : la transfusion sanguine, la sécurité incendie et le risque infectieux (1). Difficile, en effet, de s’y entraîner « dans la vraie vie », explique Jérôme Poulain, directeur d’Audace, l'agence qui a conçu ce jeu. Celui-ci intervient donc en complément de l’acquisition des connaissances et des gestes. Il « respecte les critères de la formation continue », ajoute-t-il.
L’agence lensoise Audace a démarré la conception de cette série de jeux en 2009. Le DRH d’un de ses clients, un groupe hospitalier privé, souhaitait disposer d’un outil de formation permanent, souple et économique pour les soignants. Retenu l’année suivante par l’appel à projets du Pôle images Nord-Pas-de-Calais, le jeu a été développé pendant deux ans et demi. La formule du jeu vidéo a été choisie parce qu’elle est familière à la plupart des actifs d’aujourd’hui – 63 % des Français de plus de 10 ans ont déjà joué à un jeu vidéo –, mais aussi parce qu’elle provoque une immersion qui incite les joueurs à s’appliquer à la réalisation d’une tâche, même si cela leur prend du temps. À condition que les scénarios et le « gaming » (les ressorts du jeu) soient suffisamment intéressants, que l’environnement graphique soit réaliste et les éléments professionnels conformes.
Game over
Un comité d’experts formé de deux médecins coordonnateurs d’hémovigilance, deux cadres de santé, six infirmières de chirurgie et de médecine, une sage-femme et des développeurs et concepteurs d’Audace ont donné leur avis et testé le jeu tout au long de sa conception.


Celui sur la transfusion sanguine décline un mode didacticiel destiné à se familiariser avec le jeu, un mode entraînement qui ne comptabilise pas les résultats, et un mode évaluation dont les résultats, très détaillés, sont transmis au tuteur (un cadre de santé, par exemple). Le jeu commence par le choix d’un avatar, et celui de la disponibilité des produits sanguins propre au cadre de travail de l’apprenant. Plusieurs scénarios amènent ensuite l’infirmière à enrichir le dossier du patient sur le plan transfusionnel, à dialoguer avec lui ou des collègues, à rassembler le matériel nécessaire, l’étiqueter au bon moment, au bon endroit… À chaque erreur, la barre de score se réduit d’un ou plusieurs points. En dessous de 70 %, ou en cas d’erreur grave, un « game over » solde la partie, et il faut recommencer.

Lors de sa présentation, le jeu a suscité l’intérêt des formatrices en Ifsi qui l’ont découvert. Certaines aimeraient, par exemple, le voir étendu à la carte CPTU (contrôle ultime pré-transfusionnel), au calcul de doses ou à des gestes que les étudiantes ont désormais moins l’occasion de réaliser durant les stages, comme les injections sur chambre implantable.
Géraldine Langlois


1- Le jeu sur la transfusion sanguine est disponible sur www.sante-training.com. La licence coûte 25 € par joueur et par an. Une fois installé sur un ordinateur, il est accessible 24 heures sur 24, 365 jours par an. Une plateforme personnalisable avec outil de conception de modules intégrés est proposée aux  établissements pour 20 000 €. Le volet sur la sécurité incendie sera disponible ce mois-ci et celui sur le risque infectieux, début 2013.

Article paru dans L'Infirmière magazine, daté du 1er novembre.

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