dimanche 4 novembre 2012

72 ans est le nouveau 30 ans

L'espérance de vie des hommes a connu un bond unique au cours des 4 dernières générations, au point que sur ce plan, nos ancêtres de la préhistoire se rapprochent davantage des chimpanzés que de nous.
Jusqu'où pouvons-nous repousser les limites de la mortalité humaine? C'est pour répondre à cette question qu'Oskar Burger, de l'Institut de recherches démographiques Max Planck en Allemagne, s'est penché sur l'évolution de la longévité humaine, de la préhistoire à nos jours. Ses travaux montrent que l'espèce humaine a connu un allongement de l'espérance de vie unique parmi les espèces animales, enregistré principalement sur les 4 dernières générations, pour un total de 8000 étudiées. Cette progression récente et rapide suggère qu'elle est principalement due à notre capacité à améliorer nos conditions de vie, plutôt qu'à une prédisposition génétique ou une conséquence de l'évolution.
Le chercheur, qui publie ses travaux dans les comptes-rendus de l'Académie américaine des sciences, a comparé la durée de vie des chasseurs-cueilleurs, les hommes du paléolithique qui vivaient entre - 3 millions d'années et - 10.000 ans, au chimpanzé (notre plus proche cousin) et à l'homme contemporain des pays développés. Il en ressort qu'en termes de longévité, le chasseur-cueilleur était plus proche du chimpanzé que d'un Japonais ou un Suédois d'aujourd'hui -ces deux pays figurant parmi ceux où l'on vit le plus vieux. Et un Suédois vivant en 1900 était plus proche d'un chasseur-cueilleur que de ses propres arrière-petits enfants. Dans les pays développés, l'amélioration a été linéaire depuis 1840, avec un gain moyen pouvant atteindre 3 mois par an. Résultat, un chasseur-cueilleur de 30 ans avait autant de risques de mourir qu'un Japonais de 72 ans aujourd'hui ; un chasseur-cueilleur de 15 ans, les mêmes qu'un Suédois de 69 ans.
Pas de limite en vue
Le pire taux de mortalité jamais enregistré dans l'histoire humaine a été observé chez les esclaves de Trinidad au 19e siècle: leur durée moyenne de vie était inférieure à celle des chasseurs-cueilleurs de la préhistoire!
L'évolution de l'espérance de vie humaine révèle notre capacité, unique dans le règne animal, à réduire la mortalité à tous les âges de la vie, en améliorant les conditions de vie et d'hygiène et en apprenant à se soigner. C'est particulièrement frappant au cours du siècle dernier. Selon Oskar Burger, cet allongement de la longévité paraît contraire aux principes de l'évolution. En effet, ceux-ci postulent que passé l'âge de procréer, le corps est génétiquement programmé pour se détériorer. Or nous sommes parvenus, rien qu'en changeant notre mode de vie, à repousser toujours plus loin notre déclin en fin de vie. Et la limite ne semble pas encore atteinte. Quand on pense en outre que l'homme est déjà capable, en laboratoire, de modifier génétiquement des organismes comme des petites mouches ou des vers de terre afin de prolonger leur existence, la marge de progression semble encore grande. «Si l'homme est un jour en mesure de mettre au point une technologie similaire pour lui-même, cela laisse penser que l'allongement de la durée de vie pourrait être encore très important», postule Oskar Burger.

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