dimanche 21 octobre 2012

 Crif Conseil Représentatif des Institutions juives de France

Qu'y a-t-il a attendre d'une psychanalyse ? Un numéro de « La Célibataire » (*)

Nous avons déjà présenté dans ces colonnes plusieurs numéros de l'excellente revue lacanienne de Paris, « La Célibataire » (1). La question que pose le titre du nouveau numéro est on ne peut plus pertinente à l'heure où la psychanalyse devient une véritable mode et où l'on se demande s'il existe encore des individus qui ne se sont pas fait psychanalyser.

Une vingtaine d'auteurs, des psychanalystes pour la plupart, se succèdent pour se poser la question de l'avenir de la psychanalyse et examiner le sujet sous les angles les plus divers. Il était grand temps de la faire, car, comme le rappelle fort opportunément Jean-Jacques Tyszler : « La psychanalyse n'a pas bonne presse et sa présence naturelle dans le champ de la santé et du soin est brutalement contestée, comme aujourd'hui en France sur la question de l'autisme et des troubles de l'enfant apparentés ». Comme en écho, sa collègue, Paule Cacciali, dont la contribution s'intitule magistralement « La forteresse n'a jamais été vide », précise : « Ce qui pourrait venir arrêter toute polémique concernant le soin des psychanalystes aux enfants souffrant de troubles envahissants du développement, ne dépend pas des bonnes ou mauvaises pratiques, recommandables ou non, mais peut-être de ce dont nous parlons quand nous parlons d' « enfant », si souffrant soit-il ».

Leur consoeur, Michèle Dokhan, est encore plus incisive : « La psychanalyse reste un sujet qui fâche. Le début du Xxème siècle ne voulait pas en entendre parler et aujourd'hui, avec la mise en carte de la modernité, le discours néo-libéral rêve de la bannir. Se référant au rapport publié le 8 mars 2012 , la psychanalyste ajoute : « La condamnation totalitaire d'une prise en charge psychanalytique de l'autisme par la Haute Autorité de la Santé (HAS) et par l'Agence Nationale de l'Évaluation et de la Qualité des Établissements et Services Sociaux et Médicaux Sociaux (ANESM), qui privilégient les techniques cognitivo-comportementalistes, est une des expressions de l'emprise normative dans le champ sanitaire et social.

Marc Darmon, évoquant la sempiternelle interrogation du patient : « Docteur, que puis-je attendre de la psychanalyse aujourd'hui ? », question à laquelle, bien sûr, le praticien ne peut pas répondre, car ce serait abuser que de prétendre que « La psychanalyse peut vous guérir ». Autant, dès lors, réagir en talmudiste et renvoyer la balle au patient: « Dites-moi donc ce que vous, vous attendez de la psychanalyse puisque vous venez consulter ».

Comme à l'accoutumée, la revue propose une série d'articles transversaux : une lecture psychanalytique de l'Ecclésiaste par Marc Nacht, un retour sur l'affaire DSK par Yves Buin, un parcours original de l’œuvre de Ferdinand de Saussure par Michel Arrivé, des réflexions sur le destin de Job par Dominique Désveaux et, en prime finale, une sympathique plongée dans la croyance omniprésente en Turquie et ailleurs en l'influence du « mauvais œil ».

Une conclusion de Marc Darmon semble tout à fait adéquate : « Que peut-on attendre de la psychanalyse aujourd'hui ? Qu'elle ne cesse d'être ouverte à l'inattendu ».

Très intéressant.

Jean-Pierre Allali

(*) Revue de Psychanalyse n°24. Été 2012. 148 pages. 25 euros.

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