mercredi 5 septembre 2012

P-HP : une rentrée sous haute tension

Contrairement à d’autres directeurs généraux deCHU, la rumeur ne donne pas Mireille Faugère, la patronne de l’Assistancepublique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), partante. L’ancienne numéro deux de la SNCF doit gérer quantité de dossiers chauds, à l’aide d’un staff partiellement renouvelé : le directeur financier Philippe Sauvage, issu du cabinet de Roselyne Bachelot, a quitté l’institution pour rejoindre le groupe Sanofi en Asie. Il est remplacé par Carine Chevrier, une IGAS passée par la mairie de Paris, avant de diriger les finances de Pôle emploi.
Premier dossier ultrasensible : la transformation de l’Hôtel-Dieu, qui se heurte à la résistance d’une partie de la communauté hospitalière. Le siège de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) projette de s’y installer, une fois bouclée la vente des murs de l’Avenue Victoria« En un an ça peut être plié », anticipe un syndicaliste. L’opération suppose de fermer certaines activités médicales, notamment les urgences. Or l’Hôtel-Dieu « prend en charge plus de 110 000 urgences chaque année », fait valoir le Dr Gérald Kierzek, fer de lance de la contestation locale, dans une tribune publiée sur le site du Nouvel obs. Le médecinurgentiste interpelle directement Marisol Touraine : le centre de santé proposé en lieu et place de l’actuel hôpital « ne peut pas se substituer aux urgences », lesquelles « ont été refaites à neuf il y a moins de cinq ans ».
Malgré ces protestations, la direction de l’AP-HP n’entend pas dévier de la ligne qu’elle s’est fixée : l’Hôtel-Dieu doit devenir un pôle universitaire de santé publique. « La majorité des services d’hospitalisation conventionnelle de l’Hôtel-Dieu sera transférée d’ici 2015 à Cochin », lit-on dans une note d’orientation interne. Transformé, l’Hôtel-Dieu regroupera le siège, le musée de l’AP-HP, des écoles, ainsi qu’un pôle de soins, d’enseignement et de recherche en santé publique. Les opposants au projet n’ont pas dit leur dernier mot, et le sujet devrait bientôt resurgir à la une des journaux.

Chrirurgie cardiaque et neurochirurgie : diminution du nombre de sites

Autre dossier sensible que doit manier avec beaucoup de précautionMireille Faugère : la restructuration de la chirurgie cardiaque. L’Agence régionale de santé (ARSd’Ile-de-France veut supprimer l’un des quatre sites de l’AP-HP (HEGP, la Pitié SalpêtrièreBichatHenri Mondor). Mais lequel ? L’arbitrage n’est connu de personne sur le terrain.
L’hôpital Henri Mondor, un temps désigné comme le site à fermer, espère que Marisol Touraine reprendra à son compte les engagements de Xavier Bertrand. Olivier Youinou, infirmier anesthésiste (SUD santé) àMondor, s’inquiète : « Le ministère de la Santé a visité notre site récemment, mais on nous dit que pour récupérer les 70 millions d’eurospromis par Xavier Bertrand afin de construire un nouveau plateau technique, il nous faut remplir des conditions, comme le développement de la chirurgie ambulatoire. Or cela ne se fait pas du jour au lendemain. On se demande si l’argent a été budgétisé. L’activité de notre site repart, il nous faut des moyens pour la consolider ». Très mobilisés au printemps dernier, les élus locaux seraient prêts à remonter au créneau pour maintenir l’offre en chirurgie cardiaque, assure Olivier Youinou.
La neurochirurgie devrait subir le même sort que la chirurgie cardiaque : une diminution du nombre de sites au sein de l’AP-HP est à l’étude, à la demande de l’ARS« Les maternités se regroupent, des servicesd’addictologie ferment. Le SROS se déroule sans état d’âme », note avec amertume Jean-Marc Devauchelle, secrétaire général de SUD santé à l’AP-HP, prêt à mobiliser ses troupes dès la prochaine alerte.
› DELPHINE CHARDON
lequotidiendumedecin.fr 03/


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