mercredi 26 septembre 2012

La mission sur la fin de vie "à la rencontre des citoyens"

LE MONDE | 
Le dernier dimanche d'août, l'Elysée a convié une vingtaine de personnes à une projection privée du film de Stéphane Brizé, sorti en salles mercredi 19 septembre, Quelques heures de printemps, dans lequel une femme (Hélène Vincent), atteinte d'une tumeur au cerveau, se rend en Suisse pour un suicide assisté - "Au moins, ça fait quelque chose que je décide", dit-elle avant de passer à l'acte. Au sein de ce public choisi, Didier Sicard, président de la mission de réflexion sur la fin de vie qui doit rendre son rapport au président de la République le 22 décembre, ne pouvait voir meilleur signe de l'importance que François Hollande accorde à ce sujet.
Après la projection, le chef de l'Etat a posé toutes sortes de questions, parmi lesquelles la plus classique : "Mais ça se passe vraiment comme cela ?" Le réalisateur a pu répondre oui sans hésiter. Il s'est directement inspiré d'un documentaire, Le Choix de Jean, de Stéphanie Malphettes, qui a suivi jusqu'au bout le suicide assisté d'un homme."C'est un président qui entend la demande de la société, estime Stéphane Brizé, mais il y a aussi le questionnement intime de quelqu'un qui a vu sa mère souffrir et mourir."
L'attention marquée de l'Elysée n'est pas inutile pour la mission, qui se sait très attendue. M. Sicard était à peine installé qu'il recevait une lettre incendiaire du sénateur honoraire Henri Caillavet : "Je ne peux pas oublier que vous êtes protestant et que vous avez eu beaucoup de difficultés pour accepter, dans le rapport de la commission d'éthique, le fait que l'intransgressable peut être transgressé", écrit celui qui a présidé l'Association pour le droit de mourir dans la dignité. Vous aurez, poursuit-il, "le devoir d'entendre" ceux qui sont favorables à l'euthanasie...
"RIEN À VOIR AVEC LA RELIGION"
L'ex-président du Comité consultatif d'éthique a peu goûté la leçon :"Ma mission n'a rien à voir avec la religion ou l'athéisme ni avec une quelconque idéologie spirituelle ou matérialiste. Je vais à la rencontre des citoyens et suis prêt à entendre tous les avis, sauf venant de l'intolérance." De retour de Strasbourg, où avait eu lieu, samedi, le premier des huit débats publics avant Montpellier, Lille, Clermont-Ferrand, Nantes, Toulouse, Le Havre et Paris, M. Sicard se disait néanmoins "plutôt rassuré" : "Les citoyens remettent en cause les postures, qu'elles soient institutionnelles ou médicales. Ils les considèrent comme une entrave à leur liberté."
La juriste Valérie Depadt-Sebag mise sur l'information et sur le fait que le sujet "concerne potentiellement tout le monde". Mais les membres de la mission sont d'accord pour déplorer, comme le professeur d'immunologie Jean-Claude Ameisen, que la loi Leonetti sur la fin de vie soit si mal connue et si peu appliquée. A Strasbourg, la démonstration était implacable.
Les membres de la mission de réflexion sur la fin de vie
  • Didier Sicard,
professeur de médecine interne, est président d'honneur du Comité consultatif national d'éthique ainsi que président du comité d'experts de l'Institut des Données de Santé.
  • Jean-Claude Ameisen,
professeur d'immunologie à l'université de Paris VII, est membre du Comité consultatif national d'éthique, du Comité d'éthique de l'Inserm ainsi que du Conseil scientifique du Collège international de philosophie.
  • Régis Aubry
est président de l'Observatoire de la fin de vie. Il dirige le département Douleurs-soins palliatifs du CHU de Besançon.
  • Marie-Frédérique Bacqué
est docteur en psychologie et professeur de psychopathologie clinique à l'université de Strasbourg. Ele est présidente de la société de thanatologie et rédactrice en chef de la revue Etudes sur la mort.
  • Alain Cordier,
inspecteur général des finances, est membre du collège de la Haute autorité de santé et du Comité consultatif national d'éthique.
  • Chantal Deschamps,
médiatrice en santé, est vice-présidente de la commission nationale d'agrément des associations d'usagers de la santé. Infirmière et titulaire d'un DEA de philosophie, elle a été membre du Comité consultatif national d'éthique.
  • Eric Fourneret,
docteur en philosophie, est membre du Comité consultatif d'éthique clinique et de l'Unité de concertation éthique en néphrologie du CHU de Grenoble et Président de l'association Santé, Éthique et libertés.
  • Florence Gruat,
docteur en éthique de la Faculté de médecine de l'Université de Paris XI et de l'Université de Paris VII – Diderot, est spécialisée dans les questions d'éthique hospitalière et du soin.
  • Valérie Sebag-Depadt,
spécialiste de droit de la biomédecine, est maître de conférences à l'Institut de recherche en droit des affaires. Elle est membre du laboratoire "Etude sur les sciences et les techniques" de l'Université Paris XI, et du comité de protection des personnes du CHU de Créteil
Les prochains débats citoyens
Montpellier : le 6 octobre 2012
Lille : le 20 octobre 2012
Clermont-Ferrand : le 10 novembre 2012
Nantes : le 24 novembre 2012
Toulouse : le 1er décembre 2012
Le Havre : le 8 décembre 2012
Paris Sorbonne : le 15 décembre 2012


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire