mercredi 19 septembre 2012

Debré-Even - « Des extraits de phrases sortis de leur contexte », Pr Alain Didier

Président de la Société de pneumologie de langue française,pneumologue à l’hôpital Larrey de Toulouse, le Pr Alain Didier livre au « Quotidien » sa réaction au livre publié par les Prs Debré etEven sur les médicaments (*). Il épingle les auteurs dont l’argumentation s’appuierait sur des études anciennes et omettrait certains résultats récents.
« En ce qui concerne la désensibilisation, les commentaires négatifs auxquels se livrent les auteurs, et sans doute surtout le Pr Even, puisqu’il fut un temps pneumologue, s’appuient sur des études qui, de l’aveu même des rédacteurs, datent de 1985. L’allergologie a toujours été la bête noire de Philippe Even et manifestement, les années passant, elle le reste. Les extraits de phrases sur lesquels repose ce pseudo-argumentaire, sortis de leur contexte, ne veulent rien dire.
Il est, entre autres, mentionné que les résultats de la désensibilisation ouimmunothérapie spécifique ne sont étayés que par de petites études à la méthodologie incertaine. Cela est à l’évidence faux. Depuis maintenant une dizaine d’années, notamment avec le développement de la voiesublinguale, les études ont été faites avec soin et comportent toujours un bras placebo. Certaines d’entre elles incluent jusqu’à 600 patients qui ont été suivis parfois plusieurs années. L’évaluation des résultats repose sur des mesures objectives et des scores de symptômes validés et reconnus par les instances. Quant aux mécanismes d’action de cette thérapeutique, s’ils sont effectivement restés incompris une bonne partie du siècle dernier, ils ne le sont plus depuis longtemps pour les scientifiques du XXIe siècle.
Monsieur Even est un éternel polémiste à qui il faut reconnaître le talent de savoir affirmer des contre-vérités avec brio et conviction. On a un peu oublié qu’il a un moment traité, voire prétendu guérir, l’asthme par des injections répétées de corticoïdes retard. Certains patients aujourd’hui rattrapés par des effets secondaires importants, notamment en termed’ostéoporose, ont sûrement plus de mal à l’oublier. Il y a toujours matière à critiquer des essais thérapeutiques et c’est le rôle des médecins et des scientifiques en général d’alerter sur l’existence d’éventuels biais méthodologiques pouvant compromettre la réalité des résultats. Néanmoins, la sévère mise en cause de l’allergologie à travers ces lignes me fait plutôt sourire.
Je ne peux en effet que goûter le paradoxe de cette dernière provocation venant de la part de quelqu’un dont la carrière restera marquée par une irruption tonitruante sur le petit écran un soir des années 1980, pour y communiquer, à grand renfort d’effet de manches ou plutôt de mèche, les résultats soi-disant prometteurs d’une étude dont il s’avéra rapidement qu’elle comportait un nombre dérisoire de patients et reposait sur des mécanismes physiopathologiqueshasardeux. »
› Propos recueillis par le Dr A. T.-M.
(*) « Guide des 4000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux », aux édition du Cherche Midi.
lequotidiendumedecin.fr 17/09/2012

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