mercredi 8 août 2012

Christiane Taubira prend ses distances avec les centres éducatifs fermés

Le Monde.fr avec AFP | 

Le centre éducatif fermé (CEF) de Mulhouse.
Le centre éducatif fermé (CEF) de Mulhouse. | AFP/SEBASTIEN BOZON

Ignorant les foudres de la droite qui l'accuse d'angélisme, la ministre de la justice, Christiane Taubira, reste déterminée à rompre avec le tout répressif et prend même ses distances avec une promesse de campagne de François Hollande sur les centres fermés pour mineurs. Il faut sortir du "fantasme" selon lequel les centres éducatifs fermés (CEF) constituent "la" solution en matière de délinquance juvénile, a jugé la ministre mardi 7 août.
Dans un entretien au quotidien Libération, la garde des sceaux confirme les grandes lignes de la politique pénale qu'elle compte mettre en œuvre, qui ne sera plus centrée sur la prison comme seule réponse à la délinquance. Elle déclare avoir arrêté la transformation de 18 foyers en CEF, avoir lancé une inspection d'évaluation sur ces centres, et se dit ouverte aux solutions d'accueil en milieu ouvert où le taux de non-récidive serait, selon elle, de 80 %.
Le candidat à l'élection présidentielle François Hollande s'était pourtant engagé à doubler le nombre de ces centres. "Je doublerai le nombre de centres éducatifs fermés pour les mineurs condamnés par la justice en les portant à 80 durant le quinquennat", indiquaient ses engagements de campagne.
UNE VISION "PASSÉISTE ET NAÏVE" DE LA JUSTICE
Christiane Taubira s'est par ailleurs montrée très critique envers les courtes peines de prison, en partie responsables selon elle de la surpopulation carcérale et du taux important de récidive des délinquants. "Il y a des années qu'on sait que la prison sur les courtes peines génère de la récidive, c'est presque mécanique. Il faut arrêter ! Ça désocialise, ça coûte cher et ça fait de nouvelles victimes", a-t-elle fait valoir.
L'opposition a immédiatement critiqué les prises de position de la ministre. Eric Ciotti, secrétaire national de l'UMP chargé de la sécurité, a accusé la garde des sceaux de vouloir instaurer une "impunité légale"avec sa vision "passéiste et naïve de la justice""Je pose aujourd'hui une question au président de la République : approuve-t-il et cautionne-t-il les propos et les projets de sa ministre ? demande le député et président du conseil général des Alpes-Maritimes. Si tel est le cas, il lui faut reconnaître qu'il a menti aux Français en affirmant vouloir faire de la lutte contre la délinquance une priorité."
Pour l'ancien ministre de l'intérieur UMP, Brice Hortefeux, la ministre"démontre à quel point la justice est pour elle une notion à géométrie variable et la fermeté un concept étranger, bien plus qu'une nécessité".L'ancien ministre Yves Jégo (Parti radical) s'est déclaré "stupéfait" sur Europe 1 à la lecture des propos de la garde des sceaux : "Je constate qu'on détricote tout ce qui a été fait par la précédente majorité et qu'on ne propose rien à la place." "J'appelle François Hollande à tenir ses promesses de campagne", a insisté M. Jégo. 

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