mardi 10 juillet 2012

PACA : La dépression encore mal soignée

lequotidiendumedecin.fr 09/07/2012

L’Agence régionale de santé Provence-Alpes-Côte d’Azur a présenté son plan de santé mentale 2011-2015, en s’appuyant sur les données du baromètre santé 2010. Avec près de 8 % de personnes souffrant de dépression, il y a urgence à former les médecins généralistes.


« Selon l’OMS, sur dix pathologies, cinq sont classées parmi les maladies mentales, c’est énorme » : le docteur Hélène Lansade, référente psychiatrie, ne mâche pas ses mots au moment de présenter le plan de santé mentale 2011-2015, au nom de l’Agence régionale de santé PACA. Parmi ces maladies, la dépression majeure a fait l’objet d’un focus spécifique dans le baromètre santé 2010, réalisée par l’Observatoire régional de la santé (ORS) PACA, sous l’égide de l’INPES.
Et les chiffres recueillis interpellent. Près de 8 % des personnes déclarent souffrir ou avoir souffert d’une dépression – au même niveau sur le territoire national et dans la région. Parmi les éléments d’analyse, l’ORS note que « disposer de faibles revenus, être peu qualifié ou encore vivre dans un quartier socialement défavorisé favorise la survenue ou le maintien de troubles dépressifs ».

Une personne sur deux ne consulte pas

En corollaire, une personne sur 20 dit avoir tenté de mettre fin à ses jours au cours de sa vie et parmi celles-ci, près d’une sur trois a récidivé.« La prévention de la récidive reste un enjeu majeur », souligne Pierre Verger, directeur adjoint de l’ORS. Elle figure d’ailleurs dans les deux derniers plans nationaux psychiatrie santé mentale 2005-2010 et 2011-2015 et doit être confortée car les résultats du baromètre ont mis en évidence un recours aux soins insuffisant.
Une personne sur deux souffrant de symptômes dépressifs préfère ne pas consulter de professionnels. « Et ce chiffre est encore plus élevé en région Provence-Alpes-Côte d’Azur chez les hommes et les jeunes », précise Pierre Verger. Seulement 7 personnes sur 10 consultent pour leurs symptômes dépressifs et près de 80 % parmi ceux-là le font auprès d’un médecin généraliste. Les résultats du baromètre montrent que, dans ce cas, « ils proposent plus volontiers un traitement médicamenteux que le recours à la psychothérapie, alors que celle-ci est recommandée par la Haute Autorité de santé en cas de forme peu sévère de dépression ».

La formation des généralistes en cause

À ce niveau, la formation des médecins généralistes est en cause comme en convient Remy Sebbah, médecin généraliste depuis 32 ans dans le centre-ville de Marseille et secrétaire de l’URPS ML PACA. « Il existe un déficit de formation pour prendre en charge ces patients. »Avec comme point d’achoppement majeur, le prix de la consultation à 23 euros. « Le médecin ne peut pas prendre assez de temps avec le patient. Il doit enchaîner les consultations, alors même que ces pathologies demandent du temps pour les déceler. Derrière les maux de dos, fréquents, il peut y avoir une plainte. Le patient peut signifier qu’il en a plein le dos ! Il faut l’écouter. Ce sont des signes somatiques à remettre dans le contexte. Il faut travailler sur la dépression masquée. »

Une expérimentation à Nice

Deux axes forts ont été intégrés au plan de santé mentale : encourager l’information des médecins généralistes pour mieux prendre en charge ces personnes et mieux gérer les urgences psychiatriques. Une expérimentation est menée actuellement sur le territoire niçois pour améliorer le suivi des personnes qui ont fait une TS et prévenir la récidive. Il faut aller vers ceux qui souffrent au plus près de leurs réalités quotidiennes pour éviter les ruptures. « Toute la psychiatrie doit se penser de plus en plus en dehors de l’hôpital, assure encore Hélène Lansade, et on a déjà commencé avec le développement des appartements thérapeutiques dans la cité, des visites à domicile, des équipes mobiles capables d’aller chercher le malade dans la rue, les squats. »
Sortir les malades de l’isolement et coordonner leur parcours de vie restent deux priorités du plan de santé mentale. Cela passe aussi par la formation des professionnels et le soutien des proches.
› HÉLÈNE FOXONET, à Marseille


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